RCI : le PDCI dénonce une « autocratie électorale »

 

Des cadres du PDCI ont dénoncé, ce mardi 21 octobre 2021, un « verrouillage de l’espace politique » en Côte d’Ivoire, estimant que la décision de suspension des manifestations récemment arrêtée par les autorités contribue à l’instauration d’une « autocratie électorale ».

Face aux caméras, les porte-paroles adjoints du PDCI, Simon Doho et Yapo Calixe, ont fait l’analyse de la situation sociopolitique du point de vue des droits de l’Homme et de la liberté, avec un accent particulier sur les propos des cadres du parti au pouvoir.

M. Simon Doho s’est appesanti sur les dernières décisions du Conseil national de sécurité (CNS) et de la préfecture d’Abidjan, ayant selon lui pour « objet cumulé de suspendre, et d’interdire ou de réprimer de manière préventive toute forme d’expression de mécontentement politique ».

Evoquant le communiqué du Conseil national de la sécurité du 2 octobre 2025, suggérant l’interdiction de manifestations contestataires, le président du Groupe parlementaire PDCI, Simon Doho, a estimé qu’il présente un caractère « illégal ».

« Le Conseil national de sécurité n’est pas un ordre administratif. Sa décision d’interdire toute contestation consacrée par la Constitution est une attaque généralisée à la liberté d’expression et de manifestation », a soutenu M. Simon Doho.

Pour lui, dans le contexte de l’élection présidentielle du 25 octobre 2025, cela équivaut à un « verrouillage simple de l’espace politique en faveur du pouvoir en place ». Le ministère d’Etat, ministère de la Défense et le ministère de l’Intérieur ont interdit, le 17 octobre 2025, les manifestations sur deux mois.

Le préfet du département d’Abidjan avait auparavant interdit « les marches pacifiques » de l’opposition, les 4 et 11 octobre 2025, a rappelé M. Simon Doho, martelant que cette décision présente un caractère « discriminatoire ».

« Si l’autorité préfectorale veut interdire une marche, elle doit le faire en motivant précisément la menace d’un trouble grave et imminent à l’ordre public, et non sur une base politique ou générale », a déclaré M. Simon Doho.

Il a précisé que l’interdiction d’une seule marche, suivie rapidement par une interdiction générale, vient « démontrer une volonté politique de censurer plutôt qu’une gestion concrète de la sécurité ».

Le porte-parole adjoint du PDCI Simon Doho a jugé, par ailleurs, que l’arrêté interministériel du 10 octobre 2025, portant interdiction de meetings et de manifestations publiques pour deux mois, présente un caractère « disproportionné ».

Il a estimé que cet arrêté, signé par le ministre d’Etat, ministre de la Défense et celui de l’Intérieur, « vide de sa substance l’article 20 de la Constitution ivoirienne qui garantit la liberté de manifester ». En plus, cet acte administratif est en « contradiction » avec l’obligation de l’État de Côte d’Ivoire de respecter la Constitution, les droits de l’Homme et les libertés publiques.

M. Simon Doho a conclu que les trois actes administratifs cités forment un « cadre répressif qui vise à étouffer de manière systématique et méthodique les manifestations des partis politiques et des positions démocratiques ».

« A l’état actuel de la situation, ces actes administratifs, tels que cités, contribuent à l’instauration d‘un climat extrêmement hostile aux droits humains, ce qui entache la crédibilité de l’élection présidentielle », a affirmé M. Simon Doho.

Pour lui, la Côte d’Ivoire est actuellement « dans un système autocratique électoral et consolide sa position au classement de l’ONG suédoise V‑Dem Institute sur l’autocratie électorale, avec le rang de 107e sur 179 pays dans le monde. »

Le président du groupe parlementaire du PDCI a expliqué qu’une autocratie électorale est un régime politique qui se situe dans une zone grise entre la démocratie et l’autocratie pure, avant d’appeler le chef de l’État et les responsables politiques au dialogue pour aboutir à un consensus électoral.

« Il n’est jamais trop tard pour agir pour et par le dialogue », a-t-il lancé. Sur l’analyse du contenu de la campagne présidentielle, M. Yapo Calixe a noté des « discours de propagande dépourvus de propositions concrètes, des promesses répétées sur le partage de la richesse nationale, alors même que la pauvreté s’accroît. »

Selon M. Yapo Calixe, après quinze années de gouvernance « les promesses du RHDP n’ont pas été tenues », ajoutant que la paix véritable n’a pas été construite et que le silence imposé ne peut remplacer la cohésion nationale.

Il a fustigé un « système éducatif affaibli, une jeunesse sous-employée, et la santé publique qui demeure un luxe inaccessible pour beaucoup d’Ivoiriens ». Quant aux infrastructures, il a noté qu’elles ont été « réalisées sans équité, et au prix d’une dette abyssale estimée à 35 000 milliards FCFA ».

« Notre agriculture reste dépendante des importations, malgré les promesses de souveraineté alimentaire, et l’industrialisation n’a produit qu’une croissance sans réelle transformation de l’économie », a souligné M. Yapo Calixe.

 

SOURCE : APA News / Abidjan (Côte d ‘ivoire)

Comments (0)
Add Comment