« Celle-ci me fascine ! Les couleurs sont éclatantes et j’aime la tête du personnage qui a été représenté au centre. Franchement c’est de l’art ! », s’est exclamée une participante. Et un autre de rajouter une couche d’appréciation : « Je me demande comment il a réussi à superposer tous ces dessins pour en faire un tableau homogène. C’est impressionnant ! ».
Aboli Kann, 61 ans, de son vrai nom Koffi N’Guessan Nestor, fait partie des peintres ivoiriens les plus talentueux et les plus respectés dans le genre figuratif. Ayant été allaité aux mamelles picturales du naïf à l’atelier de Kouakou Camille, à Grand-Bassam, il a progressivement rajouté un brin de liberté et une certaine densité à son écriture, de sorte qu’il se définit lui-même, aujourd’hui, comme un « peintre figuratif libre ». C’est cette liberté de penser et d’observer le monde qu’Aboli Kann a laissé s’exprimer dans ‘’D’ici et d’ailleurs’’, sa deuxième exposition personnelle après celle de 2016.
« Votre présence donne vie à tous ces moments d’atelier dans la solitude. Quand je peignais ces toiles, je me sentais seul dans mon atelier, mais en vous voyant les admirer ainsi ce soir, je sens qu’en réalité je n’étais pas seul. Chacune des toiles exprime l’amour de l’autre que j’ai au fond de moi. Merci pour votre chaleureuse présence », s’est réjoui Aboli Kann.
En effet, comportant une vingtaine de toiles nouvellement réalisées, cette exposition qui s’étend jusqu’au 7 juin, est une invitation à une rencontre de cultures, au vivre-ensemble, à l’acceptation de l’autre. L’auteur se pose des questions existentielles : Qui sommes-nous réellement ? Qu’apportons-nous au monde ? Quel est notre ‘’ici’’ pour qu’on puisse l’apporter ailleurs ? Une série d’interrogations qui invitent à une profonde introspection, une prise de conscience de soi et de l’autre. Le but : « faire prendre conscience du besoin de s’identifier dans un monde cosmopolite et multiculturel ». C’est la beauté de ce monde mosaïque qu’Aboli Kann a peint.
Ayant exploré différents styles et techniques de productions picturales, son écriture traduit une perpétuelle quête de lui-même, de ce qu’il vit, de la beauté qui est à l’intérieur de lui. Ses tableaux se reconnaissent par l’éclat de couleurs dans la texture de toile, mais aussi et surtout par le découpage scénique qu’il reproduit sur différents plans superposés, le tout donnant l’impression d’une mosaïque.
Si Henri N’Koumo, directeur des arts plastiques et visuels au ministère de la Culture et de la Francophonie, a salué l’« immense travail » d’Aboli Kann, le parrain de l’exposition, Me Alexandre Kouadio, l’a défini comme un « artiste multidimensionnel ».
Source: fratmat.info