Pour Tidjane Thiam, c’est une décision difficile à prendre, mais c’est peut-être la meilleure option face à la déchirure interne qui grandit de jour en jour. Il a le soutien des militants, ça se démontre aisément dans les urnes, mais visiblement, les grincements de dents au sein des cadres du parti prennent le dessus. La démission de Maurice Kakou Guikahué confirme le malaise.
Côte d’Ivoire : Tidjane Thiam face à la persistance de la crise interne au PDCI-RDA
Près de deux ans après son élection à la tête du PDCI, Tidjane Thiam n’est pas encore parvenu à recoller les morceaux. La crise de succession qui a agité le parti après la mort d’Henri Konan Bédié est encore vive, mais cachée par la ferveur populaire qui soutient Thiam au sein des militants à la base. Malheureusement, cela ne suffit visiblement pas. Les divergences internes ont pris le pas sur les bonnes intentions de l’ancien patron de Crédit Suisse. Présente comme un homme nouveau capable d’assurer une alternance crédible après le départ du leader charismatique Bédié, Tidjane Thiam est tombé dans le piège des vieux démons qui continuent de hanter le plus vieux parti de Côte d’Ivoire.
Tout a commencé par la gestion du processus électoral ayant conduit au congrès électif de décembre 2023. La méthode du Comité électoral avait été contestée et des candidatures comme celle de Guikahué ont été rejetées. Dans la foulée, Jean-Louis Billon qui avait manifesté ses ambitions a fini par se retirer. Il n’a d’ailleurs jamais caché son désaccord sur la méthode qui a fait de Thiam, président du PDCI. Il a rejeté la nomination du nouveau président et s’est éloigné.
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Maurice Kakou Guikahué, moins expressif que Jean-Louis Billon, a choisi quant à lui de s’éloigner dans le silence. Il a gardé ses distances jusqu’à sa nomination au poste de Conseiller du président du PDCI. Nomination qu’il a acceptée, avant de rendre sa démission. La fronde interne est également portée par Valérie Yapo qui ne se dérange pas de dire qu’elle est plus méritante au PDCI que Tidjane Thiam. Elle dit avoir souffert, fait la prison pour le parti pendant que Thiam était absent au front.
Dame Yapo a assigné le parti et demande la suspension de Tidjane Thiam de la présidence du parti. Plus loin, elle s’oppose à sa désignation comme le candidat du PDCI à l’élection présidentielle d’octobre 2025. Pour couronner le tout, Tidjane Thiam se voit radier de la liste électorale pour une affaire de double nationalité. L’une des situations que les frondeurs dénonçaient.
À la surprise générale, Tidjane Thiam a annoncé sa démission de la présidence du parti. Mais ce n’était qu’une stratégie. L’ancien banquier international a joué cette carte pour espérer revenir en force. Candidat unique à la reprise du congrès, il a été réélu à plus de 99 % des suffrages exprimés. Un bon score, mais qui ne règle pas la crise interne. Ce que pensent tout bas certains militants et surtout des cadres au sein du parti, c’est peut-être un retrait définitif de Tidjane Thiam. Il devrait réfléchir à cette option pour éviter d’être un éternel obstacle pour le parti qui cherche à marquer sa présence à la prochaine échéance électorale après une longue absence.
Source: africa-sur7.ci