«Paix durable» en Ukraine: soutenu par ses alliés européens, Zelensky rencontre Trump à Washington

C’est une rencontre cruciale sur l’avenir de l’Ukraine qui a lieu, ce lundi 18 août, à Washington entre Donald Trump et le président Volodymyr Zelensky. Par ailleurs, plusieurs dirigeants européens seront également aux États-Unis pour discuter d’un éventuel accord de paix avec la Russie. Une rencontre qui intervient quatre jours après son entretien avec Vladimir Poutine en Alaska, qui n’avait pas abouti au cessez-le-feu escompté. En Ukraine, ce rendez-vous est attendu avec une certaine appréhension.

En Ukraine, après la réception chaleureuse réservée à Vladimir Poutine en Alaska, le rendez-vous diplomatique entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump, à Washington ce lundi 18 août, inquiète la population. Trois ans et demi après l’invasion à grande échelle du pays par l’armée russe, beaucoup ne croient plus vraiment au soutien extérieur, rapporte notre correspondante à Kiev Emmanuelle Chaze.

« Cela ne changera absolument rien, personne ne changera rien, confie Anastasia, venue se recueillir devant un mémorial aux soldats tombés sur la ligne de front. Nous, les Ukrainiens ordinaires, ne pouvons absolument rien faire. Nous n’avons aucune influence sur quoi que ce soit, et on ne sait malheureusement pas quand cela prendra fin. »

Pour Serhiy, un soldat, le constat sur les alliés de Kiev est sans appel : « La promesse était de nous protéger si nous étions attaqués. Nous avons abandonné notre arsenal nucléaire et nous avons été trompés. Nous, les Ukrainiens, devons compter uniquement sur nous-mêmes pour nous unir, pour fabriquer des armes. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons gagner. »

Sur le terrain, rien n’indique un arrêt prochain des combats, entre bombardements quotidiens sur les villes et offensives le long de la ligne de front. Déçus et inquiets pour leur futur, les Ukrainiens, qui sont dans une démarche de survie face à l’agression russe, ne peuvent qu’observer les décisions qui se prendront à Washington – avec la crainte qu’elles se fassent à leurs dépens.

Une rencontre décisive à la Maison Blanche

C’est dans ce climat que Donald Trump reçoit Volodymyr Zelensky et plusieurs dirigeants européens à la Maison Blanche. L’objectif affiché : discuter d’un éventuel accord de paix avec la Russie, quatre jours après la rencontre de Donald Trump avec Vladimir Poutine en Alaska, restée sans résultat.

Le président américain assure pourtant que « de grands progrès » ont été réalisés avec Moscou, même s’il n’y a pas eu d’annonce concrète sur un cessez-le-feu. « De grands progrès sur la Russie. À suivre ! », a-t-il même écrit sur son réseau Truth Social après sa rencontre avec Vladimir Poutine. « Le président ukrainien Zelensky peut mettre fin à la guerre avec la Russie presque immédiatement s’il le veut, ou il peut continuer à combattre. Souvenez-vous comment cela a commencé. Pas question de récupérer la Crimée donnée par Obama (il y a 12 ans, sans qu’un seul coup de feu ne soit tiré) et PAS QUESTION POUR L’UKRAINE D’ENTRER DANS L’OTAN », a encore écrit Donald Trump sur Truth Social avant de rencontrer son homologue ukrainien.

Son émissaire spécial pour l’Ukraine et la Russie, Steve Witkoff, s’est dit « optimiste » sur CNN concernant la rencontre prévue dans le Bureau ovale. Cet ancien promoteur immobilier, très proche de Trump et envoyé plusieurs fois à Moscou ces derniers mois, espère qu’un « consensus » pourra être trouvé : « Que les États-Unis puissent revenir vers les Russes, faire avancer cet accord de paix et le conclure. »

 

Derrière l’Ukraine, préserver l’unité de l’Europe

Donald Trump et Volodymyr Zelensky doivent être rejoints par plusieurs dirigeants européens, dont Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keir Starmer, pour afficher l’unité du « vieux continent » derrière Kiev. « L’unité européenne » a d’ailleurs été saluée par le président ukrainien, qui a encore en mémoire son humiliation lors de sa dernière visite à la Maison Blanche, en février 2025 ; Volodymyr Zelensky avait eu un échange d’une rare violence avec Donald Trump et le vice-président américain J.D. Vance.

Mais les contours d’un accord de paix entre Moscou et Kiev restent encore flous. Sur la question des territoires ukrainiens occupés entièrement ou partiellement par la Russie, quelles concessions pourraient être faites ? Et, en cas de cessez-le-feu ou d’accord, quelles garanties offriraient les États-Unis et les Européens pour empêcher Moscou de lancer de nouvelles offensives contre l’Ukraine ?

Les questions restent nombreuses. Cette fois, le président ukrainien pourra compter sur la présence de ses alliés européens pour afficher un front uni à Washington. Car au-delà du sort de l’Ukraine, c’est aussi l’avenir de la sécurité du continent européen qui se joue.

Des garanties de sécurité au cœur des discussions

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La grande question reste celle des garanties de sécurité, que Washington et Moscou auraient déjà évoquées en Alaska. Elles pourraient être calquées sur l’article 5 de la Charte de l’Otan, afin de dissuader toute nouvelle attaque contre l’Ukraine. Une équation qui reste périlleuse, à en croire Emmanuel Macro, qui juge que « Vladimir Poutine ne veut pas la paix, mais une capitulation. » Selon le président français, un arrêt des combats doit rester la priorité : « Si on veut vraiment la paix, il faut que les armes cessent, qu’on arrive à ce que tout cela permette de sauver des vies. »

Mais au-delà du sort de l’Ukraine, c’est l’équilibre du continent qui est en jeu. « On sent quand même poindre une véritable inquiétude chez les Européens, observe Ulrich Bounat, chercheur associé au sein du think tank Euro Créative. Le risque est que Donald Trump et Vladimir Poutine se mettent d’accord sur des questions qui touchent au cœur de la sécurité européenne et qui vont donc au-delà de l’Ukraine. »

Dans ce contexte, poursuit l’analyste, « le sujet, pour les Européens, c’est vraiment de tracer leur ligne rouge ». Et d’ajouter : « On est vraiment dans un moment où l’Union européenne est peut-être en train de devenir une puissance géopolitique, qui fait respecter ses intérêts, quitte à avoir un discours de fermeté vis-à-vis des Américains. »

Toujours des frappes russes

Une frappe de drone russe à Kharkiv, dans l’est de l’Ukraine, a fait au moins cinq morts et plus d’une dizaine de blessés, ont indiqué les autorités locales, à quelques heures de la rencontre de Washington. « Cinq personnes ont été tuées, dont une fillette âgée d’environ un an et demi », a déclaré le parquet ukrainien, précisant qu’« au moins 18 personnes ont été blessées ». Les autorités ukrainiennes ont fait état dans la nuit de bombardements russes dans les régions de Soumy (nord-est), d’Odessa (sud) et de Kharkiv où ils ont été particulièrement destructeurs. « La Russie continue de tuer délibérément des civils », a dénoncé le chef de l’administration présidentielle Andriï Iermak sur Telegram, diffusant des images d’un immeuble en flammes à Kharkiv.

Source: RFI

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