L’Algérie a signé une déclaration commune avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) pour renforcer la coopération dans les usages civils du nucléaire, un engagement présenté comme stratégique par Alger mais entouré d’interrogations sur ses capacités réelles et la transparence du programme.
Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a tenu dimanche une réunion en visioconférence avec le directeur général de l’AIEA, Rafael Mariano Grossi, au terme de laquelle les deux parties ont paraphé une déclaration pour développer les applications pacifiques du nucléaire dans l’énergie, l’eau et l’agriculture, a indiqué le ministère dans un communiqué. Cette initiative s’inscrit dans la continuité de la visite de M. Grossi à Alger en octobre, durant laquelle les autorités algériennes avaient affiché leur volonté d’accélérer leur stratégie atomique civile.
Selon Alger, cet accord marque « une nouvelle étape » dans le partenariat avec l’AIEA, qui doit fournir un appui technique à une série de projets jugés « structurants ». Le ministère souligne que la coopération avec l’agence onusienne constitue « un volet essentiel » du plan national pour développer les sciences et technologies nucléaires à des fins exclusivement pacifiques.
Mais derrière cette communication officielle, plusieurs zones d’ombre persistent. L’Algérie ne dispose pour l’heure que de deux réacteurs de recherche de faible puissance, et aucun calendrier clair n’a été présenté pour la mise en place d’infrastructures plus ambitieuses, alors même que les autorités évoquent régulièrement un futur recours au nucléaire énergétique. Les contours financiers, les capacités humaines mobilisables et la conformité du cadre réglementaire national restent également largement indéfinis.
La déclaration intervient dans un contexte où Alger met en avant une rhétorique volontariste sur la « transition énergétique », tout en restant fortement dépendante des hydrocarbures, qui représentent plus de 90 % de ses recettes d’exportation selon les données officielles. L’annonce d’un élargissement de la coopération nucléaire apparaît ainsi comme un levier diplomatique autant que technologique, sans que l’état d’avancement réel des projets évoqués ne soit précisément documenté.
L’AIEA, de son côté, multiplie ces dernières années les partenariats avec plusieurs États de la région pour accompagner des programmes civils encore à un stade préliminaire. Aucun détail n’a été fourni sur les engagements techniques spécifiques ou sur les mécanismes de suivi qui encadreront la mise en œuvre du nouvel accord avec Alger.
Si le gouvernement affirme que cet appui international permettra de « renforcer les capacités nationales » et de diversifier les applications du nucléaire, les observateurs estiment que la réussite de tels projets dépendra avant tout d’investissements massifs, d’une gouvernance transparente et d’une vision énergétique cohérente — autant de conditions encore loin d’être réunies.
SOURCE:APANews