La Christian Association of Nigeria (CAN) reproche à la police nationale sa négligence après l’enlèvement, la semaine dernière, d’environ 303 élèves dans un internat de l’État du Niger.
Quelques jours plus tôt, vingt-cinq jeunes filles avaient déjà été kidnappées dans un autre établissement selon un mode opératoire similaire.
Sur les 303 élèves enlevés à Papiri, cinquante, ainsi que douze membres du personnel, ont réussi à s’échapper et ont été retrouvés sains et saufs. Pour la CAN, les forces de sécurité n’ont toutefois pas rempli leur mission, une majorité des otages restant introuvables.
L’organisation religieuse se dit préoccupée par la gestion, selon elle défaillante, des affaires d’enlèvements précédentes, y compris celle-ci. Elle appelle la police à adopter une réponse plus déterminée face à la dégradation de la situation sécuritaire dans le pays.
Elle critique notamment « l’habitude déplorable » de la police d’arriver trop tard sur les lieux des attaques, l’empêchant de prévenir les crimes, et réclame une protection plus efficace pour les civils.
Ces enlèvements, attribués à des bandes armées actives dans le nord-est et d’autres régions pour obtenir des rançons, surviennent alors que les États-Unis expriment une inquiétude grandissante concernant ce qu’ils qualifient d’assassinats ciblés de chrétiens et d’un manque supposé de volonté politique d’y mettre fin.
Le président Donald Trump est même allé jusqu’à évoquer une possible intervention militaire américaine si Abuja ne prenait pas de mesures fermes pour protéger les communautés chrétiennes.
Dans ce contexte, le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, s’est entretenu la semaine dernière avec son homologue nigérian. Ils ont évoqué une stratégie visant à freiner l’expansion des mouvements jihadistes en Afrique de l’Ouest et au Sahel.
Le gouvernement nigérian rejette toute accusation de politique discriminatoire envers une communauté religieuse, affirmant que l’insécurité ne cible aucun groupe confessionnel en particulier.
La CAN estime néanmoins que la police doit redoubler d’efforts pour stopper « une campagne de violence aveugle prétendument dirigée contre les chrétiens, leurs écoles et leurs églises ».
La police, de son côté, assure avoir alerté plusieurs établissements scolaires : certains auraient été invités à fermer temporairement ou à renforcer leur sécurité.
Le chef de la police de l’État du Niger, Adamu Abdullahi Elleman, a soutenu les propos du gouverneur Umar Bago, affirmant que l’école administrée par l’Église avait été avertie d’un risque d’attaque imminente contre la St Mary’s School — un avertissement que l’établissement n’aurait pas suivi. L’Église conteste avec force cette version, affirmant n’avoir reçu aucune alerte officielle.
Le chef de la police fédérale, Kayode Egbetokun, a promis d’intensifier les opérations pour retrouver les ravisseurs et libérer les otages restants. Dans un communiqué, il a indiqué que les forces de l’ordre étaient « prêtes à tout mettre en œuvre pour que les élèves et leurs enseignants encore détenus soient secourus indemnes ».
Très impliqué dans cette affaire, le président Bola Tinubu a annulé sa participation au sommet du G20 en Afrique du Sud le week-end dernier pour ordonner l’envoi de renforts policiers, face à cette troisième vague d’enlèvements en une semaine.
SOURCE : APA News/WN/as/lb/te/Lagos (Nigeria)