Au Mozambique, plus de 120 enfants ont été enlevés depuis début 2025 par un groupe armé affilié à l’État islamique dans la province instable de Cabo Delgado. Exploités pour des tâches forcées et des combats, ces mineurs sont au cœur d’une campagne de terreur qui dévaste la région, exacerbant une crise humanitaire déjà dramatique.
Depuis le début de l’année 2025, plus de 120 enfants ont été enlevés par un groupe armé affilié à l’État islamique (EI) dans la province de Cabo Delgado, au nord du Mozambique, a alerté mardi Human Rights Watch (HRW). Ces enlèvements, qui s’inscrivent dans une campagne terroriste qui dévaste la région, visent des mineurs exploités pour le travail forcé, les mariages forcés, le transport de biens pillés et même des missions de combat.
HRW, s’appuyant sur des témoignages d’organisations locales et de la société civile, précise que ce groupe militant, connu localement sous le nom d’Al-Shabab – à ne pas confondre avec la faction somalienne – intensifie sa stratégie de recrutement forcé d’enfants.
Abudo Gafuro, directeur exécutif de l’ONG mozambicaine Kwendeleya, spécialisée dans la surveillance des violences et l’aide aux victimes, a déclaré à HRW que « ces derniers jours, 120 enfants ou plus ont été enlevés ». Plusieurs cas précis ont été rapportés : en janvier, quatre filles et trois garçons ont été kidnappés dans le village de Mumu (district de Mocímboa da Praia), dont cinq restent toujours portés disparus ; en mars, six enfants ont été enlevés à Chibau pour transporter des biens pillés, quatre ayant été relâchés rapidement ; en mai, des enlèvements ont eu lieu à Ntotwe et près de Magaia, affectant plusieurs filles et garçons.
Ashwanee Budoo-Scholtz, directrice adjointe de HRW pour l’Afrique, déplore que cette recrudescence « ajoute aux horreurs du conflit au Mozambique ». Elle exhorte Al-Shabab à « épargner les enfants du conflit et à libérer immédiatement ceux qui ont été enlevés ».
Cette vague d’enlèvements s’inscrit dans un contexte plus large de violences qui ont déplacé plus d’un million de personnes et causé la mort de milliers d’autres depuis le début des attaques dans cette région riche en gaz naturel.
Malgré quelques libérations, beaucoup d’enfants restent portés disparus, tandis que ceux qui reviennent sont souvent stigmatisés et privés d’accès aux services de réinsertion.
Benilde Nhalivilo, du Forum de la société civile pour les droits de l’enfant, insiste sur la nécessité d’« une stratégie claire pour accompagner les enfants secourus ».
Human Rights Watch appelle ainsi le gouvernement mozambicain à renforcer la prévention des enlèvements, poursuivre les responsables, et offrir un soutien médical et psychosocial adapté aux survivants.
JN/fss/ac/Sf/APA
Source: APANEWS