Mali : les politiques contestent la suspension de leurs activités

Les partis politiques maliens ont rejeté la suspension de leurs activités décidée par les autorités de la Transition, dénonçant une mesure « illégale » et annonçant une action en justice pour en obtenir l’annulation.

Les partis politiques pour la Constitution au Mali ont rejeté, mercredi, le décret suspendant jusqu’à nouvel ordre leurs activités ainsi que celles des associations à caractère politique.

Cette décision, annoncée lors du Conseil des ministres du même jour et justifiée par des « raisons d’ordre public », concerne non seulement les partis formellement constitués, mais aussi « toutes associations à caractère politique et organisations se réclamant d’un caractère politique », selon le texte officiel lu à la télévision nationale.

Une contestation immédiate

Les formations politiques ont rapidement dénoncé cette mesure, la qualifiant d’« illégale » et « arbitraire », et ont annoncé avoir saisi la justice pour en obtenir l’annulation en urgence. Elles estiment que cette décision constitue une atteinte grave aux libertés fondamentales, notamment celles d’association, d’expression et d’opinion, garanties par la Charte des partis politiques de 2005 et le Statut de l’opposition de 2015, textes que les autorités de la Transition tentent actuellement d’abroger.

Les partis dénoncent également une répression croissante visant leurs membres. Ils affirment avoir été victimes d’agressions au Palais de la culture Amadou Hampaté Ba les 2 et 3 mai, où des « loubards et autres nervis » auraient empêché l’accès à l’enceinte avant de brutaliser des militants sur ordre des forces de l’ordre.

Cette suspension intervient à deux jours d’une manifestation prévue par l’opposition pour le vendredi 9 mai, et alors que les autorités cherchent à restructurer le paysage politique national. Un projet de loi controversé, adopté récemment en Conseil des ministres, prévoit en effet l’abrogation de la Charte des partis politiques et la suppression du statut de chef de file de l’opposition, marquant un tournant vers un régime plus centralisé.

Des exigences claires pour le retour à l’ordre constitutionnel

Avant cette suspension, les partis politiques réclamaient la fin effective de la transition au plus tard le 31 décembre 2025, un calendrier précis pour le retour à l’ordre constitutionnel, la libération des détenus d’opinion et le retour sans condition des exilés politiques. Ils avaient également averti qu’ils poursuivraient en justice tout fonctionnaire impliqué dans ce qu’ils qualifient de « manipulation de la Constitution » et de « dissolution illégale des partis ».

Dans la foulée, l’ancien Premier ministre Moussa Mara avait réagi sur ses réseaux sociaux, affirmant que la « lutte ne fait que commencer », exhortant les Maliens à rester unis pour défendre la démocratie et l’État de droit.

Les partis exigent aujourd’hui la levée immédiate de cette mesure « liberticide et démocraticide » et réaffirment leur détermination à utiliser tous les moyens légaux pour garantir le respect des libertés et des droits des citoyens.

Cette crise politique intervient alors que le Mali traverse une transition prolongée, marquée par des tensions croissantes entre les autorités de la Transition et les acteurs politiques, dans un contexte de crise sécuritaire et économique.

AC/Sf/APA

Source:fr.apanews.net

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