Il y a cinq ans au Mali, les militaires renversaient le président Ibrahim Boubacar Keïta, dit IBK. Ils mènent ensuite un second coup d’État pour renverser le président de transition Bah N’Daw qu’ils avaient installé au pouvoir, tout en occupant les postes clés. Cinq après, quel est leur bilan ?
Tout juste après le coup d’État d’août 2020 au Mali, les putschistes ont publiquement déclaré qu’ils n’étaient pas venus pour rester longtemps aux affaires. Cinq ans après, ils sont toujours là et pourront rester encore sans élection un bon moment, rapporte notre correspondant régional, Serge Daniel.
Parmi les deux grands chantiers : la lutte contre les jihadistes dans le nord, rupture avec Paris. La Russie devient « le partenaire stratégique ». Exaltation du sentiment national. Le partenaire russe fait débarquer les mercenaires du groupe Wagner. À leur actif, une importante victoire : les rebelles maliens sont chassés de la ville de Kidal dans le nord. La lutte contre les jihadistes s’intensifie. Des exactions contre les civils sont dénoncées par les associations de défense des droits de l’homme. Aujourd’hui, de nombreuses localités maliennes sont toujours contrôlées par les jihadistes. Plus d’une centaine de civils sont toujours otages des mêmes jihadistes dans le centre du Mali. Les mercenaires russes n’ont pas vaincu les jihadistes.
Le CNSP promettait une transition de dix-huit mois et un nouveau Mali, le « Mali kura ». Les promesses d’améliorations formulées par les colonels devenus généraux ont-elles été suivies d’effets ? Pas du tout, estime Alioune Tine, joint par François Mazet de RFI. Le fondateur du think tank sénégalais Afrikajom Center, et ancien expert de l’ONU pour les droits de l’homme au Mali s’inquiète d’une situation qui, sur tous les fronts, ne fait que se dégrader.
Ils sont venus pour la sécurité, mais aujourd’hui la sécurité se dégrade. Le plus grave, de mon point de vue, c’est que les promesses d’une transition de 18 mois n’ont pas été respectées.
Selon Alioune Tine, le Mali est vulnérable et la transition n’a plus de cap
Autre chantier, le renforcement des relations avec deux autres juntes : burkinabè et nigérienne. Les trois pays forment l’AES (l’Alliance des États du Sahel) et claquent la porte de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Mais les défis restent nombreux.
Source: RFI