Libye : le mufti Al-Gharyani remet en cause la légitimité du Parlement

Le grand mufti de Libye, Cheikh Al-Sadiq Al-Gharyani a, de nouveau, critiqué avec virulence la Chambre des représentants (HoR) dirigée par Aqila Saleh, l’accusant d’avoir « perdu toute légitimité » au regard des lois et de l’accord politique en vigueur.

Dans une allocution diffusée sur la chaîne Tanasuh TV, le  guide religieux Cheikh Al-Sadiq Al-Gharyani a qualifié les agissements du Parlement de « honteux », reprochant à ses membres de manipuler la législation à leur profit et de servir « les ambitions de Khalifa Haftar et de ses fils ».

Selon lui, la Chambre des représentants « trahit le peuple libyen » et agit comme l’instrument d’un pouvoir personnel consolidé à Benghazi. Il a notamment dénoncé la validation de pratiques assimilées à de la « falsification de monnaie » et au « détournement de fonds publics », sous couvert du « Fonds de reconstruction ».

Al-Gharyani a également condamné la création à Benghazi d’une « prétendue Cour constitutionnelle du mal », destinée selon lui à protéger les lois injustes et à garantir l’impunité du clan Haftar.

Le mufti a exhorté les dirigeants des institutions souveraines — parmi lesquels le gouverneur de la Banque centrale et les présidents de la Haute Commission électorale, du Bureau d’audit et de l’Autorité de contrôle administratif — à « s’opposer aux oppresseurs qui ont perdu leur légitimité ». Il a rappelé que ces responsables demeurent juridiquement indépendants et ne peuvent être révoqués par un Parlement dont le mandat est, selon lui, « caduc ».

Cheikh Al-Gharyani a également accusé Aqila Saleh et Khalifa Haftar de bloquer délibérément l’organisation d’élections nationales, craignant qu’un scrutin libre ne compromette leur emprise sur les institutions politiques et militaires. Les discussions récentes autour d’un éventuel remplacement d’Aqila Saleh seraient, d’après lui, « une mise en scène destinée à prolonger l’impasse politique ».

Le religieux a enfin affirmé que la force militaire de Haftar dépend entièrement du soutien étranger, citant les Émirats arabes unis, l’Égypte, la France et les États-Unis, ainsi que la présence de mercenaires du groupe russe Wagner. « Sans ces appuis, Haftar ne tiendrait pas un seul jour sur le terrain », a-t-il déclaré.

En conclusion, Al-Gharyani a appelé les organisations internationales et les défenseurs des droits humains à engager des poursuites contre Khalifa Haftar et Aqila Saleh pour « crimes et violations commis contre le peuple libyen », les accusant d’utiliser des fonds publics et de la fausse monnaie pour acheter des loyautés, financer des mercenaires et renforcer leur arsenal.

SOURCE:APANews

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