L’archipel récolte les fruits d’une gouvernance économique améliorée, juge la Banque mondiale, qui appelle le pays à intensifier l’effort d’autonomisation des femmes.
L’économie du Cap-Vert poursuit sa forte reprise, selon la dernière mise à jour économique du Cap-Vert pour 2025, publiée aujourd’hui par la Banque mondiale. Le PIB réel du Cap-Vert a augmenté de 7,3 % en 2024, soutenu par une activité touristique robuste et une reprise modérée de l’agriculture. Cependant, si le pays a réalisé des progrès notables, notamment en matière de gestion macroéconomique, de réduction de la dette et de lutte contre la pauvreté, des vulnérabilités importantes subsistent. Il s’agit notamment de la dépendance à l’égard du tourisme, de l’exposition aux chocs extérieurs et des pressions budgétaires exercées par les entreprises publiques.
« En alignant ses efforts de réforme sur des politiques inclusives, le Cap-Vert a une occasion unique de renforcer sa résilience, d’autonomiser davantage de citoyens, en particulier les femmes, et de bâtir un avenir plus durable et plus équitable », juge Anna Carlotta Massingue, économiste de la Banque mondiale.
Le gouvernement du Cap-Vert a pris des mesures importantes pour remédier aux vulnérabilités liées aux entreprises publiques, notamment dans le cadre de son programme de réforme 2022-2026, note le rapport. La taxe sur les garanties publiques appliquée depuis la fin 2024, « constitue une étape importante pour comptabiliser correctement les risques liés au soutien aux activités des entreprises publiques ».
Si des cessions d’actifs se poursuivent, l’État reste présent dans plusieurs secteurs, « et la nouvelle compagnie aérienne nationale publique pourrait constituer un risque si elle n’est pas bien gérée », commente la Banque mondiale qui appelle de ses vœux « un cadre de gouvernance solide pour la nouvelle compagnie aérienne ».
Quoi qu’il en soit, les perspectives économiques restent favorables, avec une croissance robuste et une réduction continue de la pauvreté. La croissance devrait atteindre 5,9 % en 2025, à mesure que les compagnies aériennes à bas prix s’implanteront sur le marché. À moyen terme, la croissance devrait progressivement tendre vers un taux potentiel proche de 5 %, soutenue par l’amélioration de l’efficacité du secteur public et les efforts visant à attirer les investissements privés.
Des « progrès significatifs » à amplifier
Si elle se confirme, la baisse des prix du pétrole contribuera à maintenir l’inflation à un niveau bas en 2025, qui devrait s’aligner sur celui de la zone euro à moyen terme (2 %). Cette évolution, conjuguée aux bons résultats des secteurs des services et de l’industrie, contribuera à réduire la pauvreté à 13,3 % en 2025, avec des niveaux qui devraient tomber à 11,2 % d’ici 2027 : cela représente 7 000 Capverdiens sortis de la pauvreté par rapport à 2024.
Bien sûr, à court terme, les défis structurels demeurent : dépendance au tourisme, une diversification limitée de ses exportations et une dépendance à l’égard des importations pour des produits essentiels. Si les autorités restent déterminées à poursuivre les réformes, les pressions politiques à l’approche des élections de 2026 pourraient peser sur le rythme des réformes et des efforts d’assainissement, signale la Banque mondiale.
Le rapport s’attarde sur les progrès « significatifs » du Cap-Vert en matière d’égalité de genre. Cela passe tant par l’amélioration de la productivité et de l’autonomie économique des femmes, leur autonomie corporelle et leur émancipation, leur autonomie décisionnelle, que par des progrès en matière de santé.
Toutefois, « des défis subsistent, en particulier sur le marché du travail », note la Banque mondiale. Beaucoup de femmes occupent encore des emplois peu rémunérés ou informels ; et beaucoup de femmes rurales ne participent pas à la population active. Le rapport s’attarde sur les inégalités salariales et la « ségrégation professionnelle » des femmes, surreprésentées dans les emplois peu qualifiés et moins rémunérés.
À l’inverse, ou plutôt, dans le même temps, les femmes assument « une part disproportionnée » des tâches domestiques non rémunérées, consacrant beaucoup plus de temps que les hommes aux tâches ménagères et à la garde des enfants. Le rapport détaille les « facteurs inexpliqués » de cette tendance.
Et pourtant : « La réduction des inégalités entre les sexes sur le marché du travail peut stimuler considérablement la croissance économique, la productivité et les résultats sociaux, car les disparités limitent l’allocation des talents, réduisent la productivité et, en fin de compte, limitent la production. »
La Banque mondiale calcule que la réduction des inégalités entre les sexes au Cap-Vert pourrait augmenter le PIB de 12,2 %, soit 10 % de hausse du PIB par habitant à long terme. Parmi les solutions, figurent aussi bien une meilleure attractivité des emplois pour les femmes que le développement des métiers de services à la personne (garde d’enfants, de personnes âgées) qui inciterait les femmes à conserver leur emploi.
La Banque mondiale prône également l’amélioration de l’accès au développement des compétences, en particulier dans les domaines des sciences et technologies (STEM) et de l’enseignement et de la formation techniques et professionnels. Sans oublier l’indispensable travail de lutte contre les préjugés.
@AB
Source: NewAfrican/Le Magazine de l’Afrique