Les affrontements entre force de l’ordre et manifestants qui ont éclaté en marge des rassemblements qui se sont déroulés à Lomé du 26 au 28 juin ont fait au moins sept morts et « des dizaines de blessés », selon les chiffres diffusés par plusieurs organisations de la société civile aux médias, dimanche 29 juin. Elles affirment que des « exactions [ont été] commises par des éléments des forces de l’ordre et des miliciens », assurant par ailleurs que sept corps ont été repêchés dans des cours d’eau à Lomé. « Plus de soixante personnes » ont été interpellées lors de ces manifestations dans la capitale togolaise, assurent les ONG.
Une situation « inacceptable », pour David Dosseh, porte-parole du « Front Citoyen Togo Debout ». « Nous sommes dans un pays où des citoyens ont quand même le droit de sortir, de s’exprimer et ils n’ont pas à faire face à cette brutalité mise en place par l’État », s’est-il ému. « Nous ne sommes pas des animaux, nous sommes des fils de ce pays et en tant que fils et citoyens de ce pays, la Constitution nous donne le droit de nous exprimer et de manifester pacifiquement. »
Des « noyades » accidentelles, selon le gouvernement
En réponse, dans un communiqué diffusé dimanche soir, le gouvernement togolais a dénoncé « des individus dont la grande majorité réside hors du territoire national » qu’il accuse de mener une « campagne de désinformation et d’incitation à la haine, à la violence, à l’incivisme et à la désobéissance civile ».
Toujours selon ce communiqué du gouvernement, « la découverte et le repêchage de corps dans le 4ᵉ lac à Akodesséwa et dans la lagune à Bè, les 26 et 28 juin, ont donné lieu à des tentatives de récupération malheureuses, démenties par les résultats des analyses médico-légales qui, aussitôt conduites, ont révélé que ces décès sont survenus par suite de noyade ». Le communiqué, tout en exprimant « sa compassion aux familles éplorées », comporte un rappel des « règles de prudence à observer aux abords des étendues et cours d’eau, surtout en cette saison pluvieuse ».
« Je voudrais féliciter le bon comportement de nos concitoyens et également le professionnalisme de nos forces de sécurité et surtout les rassurer que le gouvernement prendra toutes les dispositions pour protéger le citoyen togolais », a pour sa part déclaré le ministre togolais de l’Administration territoriale, Hodabalo Awaté, lors d’une intervention, dimanche soir, sur la télévision d’État.
Manifestations contre la Constitution
Un discours qui fait écho à ceux de Gilbert Bawara, ministre de la Réforme du service public, dans l’entretien qu’il a accordé à Jeune Afrique, le 26 juin. Il assurait notamment qu’il est « du devoir et de la responsabilité du gouvernement de prévenir et d’éviter toute situation de violence, d’anarchie et de chaos », tout en affirmant que le gouvernement restait « attentif » aux frustrations des citoyens, notamment des jeunes.
Depuis début juin, plusieurs appels à manifester ont été relayés sur les réseaux sociaux au Togo, pour protester contre la nouvelle Constitution. Celle-ci a conduit à l’instauration d’un régime parlementaire. Faure Essozimna Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005, a été désigné par un parlement largement dominé par les élus de l’Union pour la République (UNIR, son parti), au poste de président du Conseil, qui concentre l’essentiel des pouvoirs exécutifs. Les manifestants protestaient également contre la hausse des prix de l’électricité ou encore l’arrestation d’opposants et de voix critiques au pouvoir, à l’instar du rappeur Aamron.
SOURCE: AFP