Le Cap-Vert, des îles technologiques

L’archipel atlantique espère qu’un nouveau parc technologique attirera les industries numériques et incitera même une partie de sa diaspora à revenir au pays.

 

Le Cap-Vert a officiellement dévoilé, début mai, son « TechPark CV », alors que la nation insulaire cherche à devenir une plaque tournante des services numériques. Ce projet, soutenu par un investissement de 45,59 millions d’euros de la Banque africaine de développement, vise à créer jusqu’à 1 500 emplois sur l’île de Santiago et dans un campus plus petit à São Vicente.

Dans une interview accordée à African Business, Pedro Lopes, secrétaire d’État à l’économie numérique du Cap-Vert, décrit le TechPark CV comme la « pierre angulaire » de la stratégie de transformation numérique du pays. Le parc comprend un centre de données à Santiago, ainsi que des installations de formation et de conférence et un « centre d’incubation » destiné à soutenir les start-up.

Les membres de la diaspora, ainsi que d’autres ressortissants étrangers, pourraient bénéficier d’une bonne qualité de vie et d’un coût de la vie bien moins élevé au Cap-Vert tout en travaillant à distance pour des entreprises technologiques internationales.

« Son rôle est de favoriser l’innovation, d’attirer les investissements, de soutenir les start-up locales et de créer des emplois à forte valeur ajoutée, en particulier pour nos jeunes », explique Pedro Lopes. Qui rappelle que le gouvernement cherche à réduire sa dépendance au tourisme et à « positionner le Cap-Vert comme un acteur compétitif dans l’économie numérique ».

A priori, Le Cap-Vert n’est pas un emplacement évident pour un pôle technologique régional. Le pays comprend dix îles situées à environ 600 km au large des côtes de l’Afrique de l’Ouest et compte un peu plus de 500 000 habitants. Pourtant, Pedro Lopes en est convaincu : la situation insulaire et la petite taille du pays peuvent être des atouts.

« Nous pensons que nous pouvons être un pôle dans l’Atlantique, et nous pensons que notre petite taille ne signifie pas que nous ne sommes pas pertinents, car être petit dans le monde de la technologie signifie aussi être rapide dans nos décisions, et nous pensons que nous pouvons être flexibles et plus rapides que les autres. »

En effet, le Cap-Vert n’est qu’à une heure de vol du Sénégal, à trois heures du Portugal et à trois heures et demie du Brésil. Il bénéficie également de bonnes connexions numériques, en partie grâce à plusieurs câbles sous-marins à fibre optique qui ont des points d’atterrissage dans le pays.

Les entreprises technologiques internationales semblent convenir du potentiel de l’archipel : des dirigeants de Microsoft et d’Intel figuraient parmi les personnes présentes à la cérémonie d’inauguration, le 6 mai.

 

Attirer les talents technologiques

Pedro Lopes nous explique que les entreprises implantées dans le parc seront bien placées pour servir leurs clients dans les pays lusophones d’Afrique, ainsi qu’au Brésil, en Europe et dans la région de la CEDEAO. Le parc a également été désigné « zone économique spéciale pour les technologies », ce qui permet aux entreprises de bénéficier d’avantages fiscaux, notamment une réduction de 2,5 % sur l’impôt sur les sociétés, ainsi que des exonérations de TVA et de taxes à l’importation.

Pedro Lopes, secrétaire d’État à l’Économie numérique du Cap-Vert.

 

Le secrétaire affirme que les entreprises bénéficieront d’une approche « assez souple » en matière d’immigration. Les ressortissants d’un grand nombre de pays peuvent séjourner au Cap-Vert sans visa pendant les trois premiers mois.

En fait, Pedro Lopes suggère que la poussée vers la numérisation du Cap-Vert pourrait aider le pays à persuader une partie de son importante diaspora de revenir à ses racines. Selon l’Organisation internationale pour les migrations, environ deux fois plus de Capverdiens vivent à l’étranger qu’au Cap-Vert même.

« Lorsque vous développez des infrastructures de qualité, comme nous le faisons, vous commencez à attirer la diaspora. Il ne s’agit pas seulement d’investisseurs internationaux. Nous envoyons un message aux Capverdiens qui vivent à l’étranger : esprits brillants, il est temps de revenir. »

Il affirme que les membres de la diaspora, ainsi que d’autres ressortissants étrangers, pourraient bénéficier d’une bonne qualité de vie et d’un coût de la vie bien moins élevé au Cap-Vert tout en travaillant à distance pour des entreprises technologiques internationales.

« Si je ferme les yeux et que je voyage dans le futur, dans dix ou quinze ans, je vois un Américain, un Européen, un Africain et peut-être un Sud-Américain ou un Asiatique buvant des noix de coco au bord de la mer, faisant des affaires, puis travaillant à l’élaboration de solutions pour résoudre les problèmes du monde. »

 

 

@AB

Source: New African/ Le Magazine de l’Afrique

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