Les Insoumis, soutenus par les écologistes, voulaient adresser un message au Premier ministre après la manœuvre de rejet sur la loi agricole Duplomb.
Sans surprise. En l’absence de voix suffisantes du PS et du RN pour voter cette motion de censure contre François Bayrou, qui était donc vouée à l’échec, c’est sans surprise que l’Assemblée nationale a largement repoussé cette initiative des Insoumis ce mercredi après-midi. La motion n’a recueilli que 116 voix sur 289 nécessaires pour renverser le gouvernement.
Il s’agit là de la septième motion de censure du gouvernement Bayrou qui n’a pas été adoptée. Cette dernière aura surtout offert le terrain pour un match retour sur une proposition de loi agricole clivante. « Il y a bientôt un an que le résultat des urnes est bafoué par le président de la République », a lancé depuis la tribune la députée insoumise Mathilde Hignet. Elle a accusé le gouvernement et ses soutiens de faire « alliance une fois de plus avec l’extrême droite sur l’un des textes les plus rétrogrades pour notre environnement ».
Les députés écologistes, et une partie du groupe GDR (communiste et ultramarin) ont voté pour, la députée Sophie Taillé-Polian, dénonçant une « loi poison ». Dans le viseur: un coup tactique du bloc central, soutenu par l’alliance entre le RN et les ciottistes, concernant la loi agricole dite Duplomb-Menonville.
Bayrou ne s’est pas laissé faire
Le texte, clivant, porte notamment une mesure de réintroduction à titre dérogatoire d’un pesticide néonicotinoïdes. Écologistes et insoumis avaient répondu dans l’hémicycle en déposant une multitude d’amendements (quelque 1500 écologistes et 800 LFI). Invoquant une « obstruction », les députés favorables à l’essentiel de la loi ont choisi de rejeter eux-mêmes le texte de manière préventive, pour sauter l’étape de l’Assemblée, et l’envoyer directement devant une commission mixte réunissant sept députés et sept sénateurs.
« Le gouvernement n’est pas à l’origine de ce texte. Il n’est pas à l’origine de son adoption. Il n’est pas à l’origine de la motion de rejet, mais il est coupable », a ironisé depuis la tribune François Bayrou, estimant que « c’est la première fois que l’Assemblée nationale est invitée à voter contre l’Assemblée nationale ».
Plus offensif ensuite le chef du gouvernement a accusé les Insoumis de se livrer à une « tactique méthodique et constante, permanente de l’obstruction, du blocage, c’est-à-dire, au bout du compte, de l’immobilisme » au Parlement. Le chef du gouvernement a également défendu la loi Duplomb-Menonville, dont « plusieurs mesures sont vitales pour notre agriculture ».
Quant au Parlement, il a appelé à en revoir le fonctionnement, et privilégier l’examen de plusieurs textes de loi en même temps, que les députés voteraient ensuite « lors de séance plénière concentrée sur une demi journée par exemple, comme cela se passe au Parlement européen ».
« Votre tour viendra, monsieur le Premier ministre »
Comme prévu le RN n’a pas soutenu la motion de censure, qui « n’aura aucun résultat au bénéfice des Français » selon son vice-président Sébastien Chenu. « Votre tour viendra, monsieur le Premier ministre, plus vite que celui que vous réservez aux Français », a-t-il cependant lancé à l’adresse de François Bayrou, l’accusant entre autres de « préparer un budget (pour la France en 2026) sans toucher au tabou de l’immigration ».
Pour le PS, Mélanie Thomin a déploré une Assemblée « bâillonnée » par la tactique sur la loi Duplomb. Mais « nous ne voulons pas voter une motion de censure contre le Parlement », a-t-elle confirmé, alors qu’une seule élue a au final voté cette motion. Le PS renvoie une éventuelle censure aux suites données par le gouvernement au conclave sur les retraites.
Jeudi matin les oppositions auront l’occasion de remettre le sujet sur la table, avec un vote attendu sur une proposition de résolution communiste qui appelle à revenir sur le passage de l’âge de départ à 64 ans. Ce serait le premier véritable vote sur le sujet dans l’hémicycle, mais le texte n’aurait pas de valeur contraignante.
Source: Le Parisien