« L’Afrique doit être un acteur actif de l’IA» (ministre)

À l’occasion de la Conférence internationale sur les opportunités et défis de l’Intelligence artificielle pour les banques centrales tenue ce mercredi à Dakar, le ministre sénégalais des Finances, Cheikh Diba, a appelé le continent africain à dépasser le statut de simple consommateur pour devenir un acteur majeur de la révolution technologique en cours.

Le ministre sénégalais des Finances et du Budget, Cheikh Diba, a lancé un appel pour que l’Afrique cesse d’être un simple consommateur des technologies liées à l’Intelligence artificielle (IA) et s’impose comme un acteur actif dans ce domaine en pleine expansion. C’était à l’occasion de la Conférence internationale sur le thème « L’Intelligence artificielle : opportunités et défis pour les banques centrales », organisée ce mercredi à Dakar par la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).

« L’Afrique ne doit pas se contenter d’être un marché pour cette technologie, mais doit s’ériger comme un acteur actif en développant ses infrastructures, et en formant sa population pour une utilisation inclusive », a déclaré le ministre, représentant le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, à cette rencontre de haut niveau.

Selon les Nations Unies, l’Intelligence artificielle pourrait générer un surplus de valeur ajoutée d’environ 1 500 milliards de dollars à l’économie africaine d’ici 2030, « en créant des emplois et en stimulant la croissance », a rappelé le ministre Diba. Il a également insisté sur « la nécessité d’une gouvernance éthique de l’Intelligence artificielle, respectueuse des droits humains et adaptée au contexte africain. »

« Au regard de ces enjeux, il est essentiel que les banques centrales africaines prennent pleinement conscience du rôle fondamental que peut jouer l’intelligence artificielle dans leur mission, notamment pour la politique monétaire, la stabilité financière et le financement des économies. L’utilisation de cette technologie permettra d’affiner les analyses économiques et financières, tout en facilitant un financement plus précis des économies », a-t-il plaidé.

Cette conférence internationale intervient dans un contexte mondial marqué par une accélération du processus de transformation numérique. Elle fait suite à plusieurs rencontres internationales sur l’IA, notamment le Sommet de Paris pour l’action sur l’Intelligence artificielle en février 2025 et le premier Sommet mondial de l’Intelligence artificielle en Afrique tenu à Kigali en avril dernier.

La stratégie continentale africaine

Le ministre a évoqué la stratégie continentale adoptée par l’Union Africaine, posant « les jalons nécessaires pour permettre à l’Afrique de devenir une partie intégrante de la révolution de l’Intelligence artificielle. » L’objectif est de tirer parti de cette technologie en libérant son très grand potentiel pour ouvrir de nouvelles perspectives pour tous les citoyens.

Pour sa part, le Sénégal a marqué sa volonté d’investir dans l’édification d’infrastructures numériques de dernière génération à travers sa nouvelle stratégie du numérique dénommée « New Deal Technologique », lancée le 24 février 2025 par le Chef de l’État, Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Cette stratégie s’articule autour de quatre axes majeurs : la souveraineté numérique, la digitalisation des services publics, le développement de l’économie numérique et le leadership africain dans le numérique.

Outre cette stratégie nationale, le Sénégal s’inscrit dans l’initiative « Smart Africa », portée par quarante pays du continent pour accélérer le développement socio-économique durable via l’accès abordable à l’internet haut débit et l’utilisation des technologies de l’information et de la communication.

Dans son mot de bienvenue, le Gouverneur de la BCEAO, Jean-Claude Kassi Brou, a souligné que l’avènement de l’Intelligence artificielle constitue une révolution qui change déjà en profondeur de nombreux domaines d’activité et affecte des pans entiers de la société. Il a révélé que la BCEAO a mis en place, en juillet 2024, un Comité de réflexion sur l’Intelligence artificielle (CRIA), qui a pour mission de proposer une feuille de route pour le déploiement de cet outil au sein de l’institution.

« L’utilisation de l’IA par les banques centrales reste certes encore embryonnaire. Nous sommes au début d’un long processus qui est déjà très avancé dans d’autres secteurs. Cependant, plusieurs banques centrales s’y engagent déjà de manière résolue afin d’être des acteurs responsables de cette révolution qui se déroule à grande vitesse », a-t-il affirmé.

Une conférence de haut niveau

La conférence internationale a réuni un parterre de personnalités, dont les gouverneurs, vice-gouverneurs et représentants de banques centrales d’Afrique et d’Europe, notamment la Banque centrale des États de l’Afrique Centrale (BEAC), les Banques centrales d’Afrique du Sud, des Comores, de France, du Ghana, de l’Île Maurice, du Kenya, du Libéria, du Maroc, du Mozambique, du Nigéria, du Portugal, de la Tanzanie et de la Tunisie.

Articulée autour de quatre panels thématiques, la conférence a pour objectif de permettre aux participants de mieux appréhender les utilisations actuelles de l’IA ainsi que les risques et les facteurs clés de succès pour l’implémentation de cette technologie au sein des activités des banques centrales.

Les discussions portent notamment sur les domaines de la politique monétaire, l’analyse économique avancée, la stabilité financière, la supervision bancaire et la surveillance des systèmes et moyens de paiement.

Le panel 1 porte sur « Le pouvoir transformateur de l’Intelligence artificielle », tandis que le panel 2 est consacré à « L’Intelligence artificielle et politique monétaire. » Le panel 3 aborde l’« Intelligence artificielle et la Stabilité Financière », et le panel 4 traite des « Ressources humaines et défis éthiques liés à l’Intelligence artificielle. »

Une table ronde des gouverneurs des banques centrales clôturera les travaux sur le thème « Principales leçons et conclusions à tirer de la Conférence ».

ARD/te/Sf/APA

Source: APANEWS

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