La voie est libre pour l’énergie nucléaire

 

Alors que la Banque mondiale met fin à son interdiction de financer l’énergie nucléaire, des pays comme le Kenya et le Ghana seront mieux placés pour lever des fonds.

 

Le conseil d’administration de la Banque mondiale a voté la fin d’une interdiction de longue date sur le financement de projets liés à l’énergie nucléaire, ouvrant ainsi la voie à plusieurs pays africains pour obtenir des prêts de cette institution de financement du développement.

Ajay Banga, président de la banque, militait en faveur de ce changement depuis son entrée en fonction en 2023, dans le cadre de ses efforts visant à faire de la lutte contre la pauvreté énergétique la priorité absolue de l’institution multilatérale. Ces dernières années, la Banque mondiale s’est principalement concentrée sur le financement de l’énergie solaire et éolienne, ainsi que d’autres formes d’énergie renouvelable.

Le soutien à l’énergie nucléaire est l’un des rares domaines où il existe un large consensus bipartite dans la politique américaine.

« Cette décision aurait dû être prise depuis longtemps, mais je me réjouis qu’elle ait enfin été prise », commente Todd Moss, directeur exécutif de l’organisation à but non lucratif Energy for Growth Hub. « Il n’y a vraiment aucune raison logique de rejeter une technologie avant même qu’elle ait été étudiée. »

L’interdiction par la Banque mondiale de financer l’énergie nucléaire a été introduite en 2013, peu après l’accident nucléaire de Fukushima au Japon, qui a conduit de nombreux pays développés à réduire leur recours à l’énergie nucléaire. Le Japon lui-même a fermé tous ses réacteurs après Fukushima, mais en a depuis remis plusieurs en service, après avoir réalisé que l’abandon du nucléaire rendait le pays dangereusement dépendant des combustibles fossiles importés.

Malgré les inquiétudes persistantes concernant le coût énorme et les délais de construction des centrales nucléaires, l’intérêt pour l’exploitation de l’énergie nucléaire ne cesse de croître, tant dans les marchés développés que dans de nombreux pays à revenu intermédiaire en forte croissance.

La centrale nucléaire de Koeburg, près du Cap, construite dans les années 1980, abrite actuellement les seuls réacteurs en service sur le continent africain.

Cependant, une nouvelle centrale nucléaire, construite par la société russe Rosatom, est en cours d’achèvement en Égypte, tandis que plusieurs autres pays africains préparent le terrain pour l’énergie nucléaire.

Energy for Growth cite le Ghana, le Kenya, l’Ouganda, le Maroc, l’Algérie et la Tunisie comme les pays africains qui pourraient constituer des marchés potentiellement viables pour l’énergie nucléaire d’ici les années 2030. Selon cette organisation, le Rwanda et douze autres pays pourraient être prêts d’ici 2050.

 

Catalyser les investissements

La Société financière internationale (SFI), l’organisme de prêt du secteur privé de la Banque mondiale, va désormais retirer l’énergie nucléaire de sa liste d’exclusions d’investissement. Todd Moss souligne que l’une des caractéristiques importantes de cette décision est son impact sur les autres prêteurs.

Il souligne qu’au moins 21 autres organismes, dont des institutions financières bilatérales de développement et des banques régionales de développement, ainsi que certaines institutions d’investissement privées, avaient suivi la politique de la SFI et pourraient désormais être sur le point de changer de cap.

« Maintenant que la Banque mondiale a levé son interdiction, beaucoup – pas toutes, mais beaucoup – de ces autres agences publiques vont également lever leurs interdictions. Je m’attends à un effet catalyseur. »

Les États-Unis, principal actionnaire de la Banque mondiale, avaient fortement insisté pour que celle-ci assouplisse sa politique de prêt dans le domaine de l’énergie nucléaire. Le soutien à l’énergie nucléaire est l’un des rares domaines où il existe un large consensus bipartite dans la politique américaine. Cela s’explique en partie par le fait que bon nombre des entreprises qui développent la technologie des petits réacteurs modulaires – qui pourraient être mieux adaptés à de nombreux pays africains dont les marchés énergétiques sont relativement petits – sont basées aux États-Unis et recherchent des débouchés à l’exportation.

La société NuScale, basée dans l’Oregon, a signé l’année dernière un accord préliminaire avec le Ghana pour déployer un SMR dans ce pays.

Par ailleurs, le conseil d’administration de la Banque mondiale a également discuté de la levée des restrictions sur les prêts aux projets d’exploration et de production de gaz naturel, mais n’est pas parvenu à un accord. Ajay Banga a également fait valoir que la production de gaz naturel devrait être envisagée dans certaines circonstances comme un moyen d’assurer l’accès à l’énergie.

@AB

SOURCE: NewsAfrican/ Le Magazine de l’Afrique

Comments (0)
Add Comment