Près de 15 ans après la grave crise postélectorale de 2010-2011, déterminée à tirer les leçons du passé pour bâtir l’avenir, la Côte d’Ivoire continue d’avancer sur le chemin de la mémoire et de la réconciliation.
Le 11 avril 2025, deux mémoriaux ont été inaugurés à Abidjan en hommage aux victimes. Quatre autres monuments sont prévus dans différentes régions du pays, marquant une volonté de l’Etat ivoirien de tourner la page tout en honorant le passé.
Lors d’une cérémonie d’inauguration d’un mémorial, ce 11 avril, à Abobo, une commune populaire dans le Nord d’Abidjan, l’une des cités les plus touchées par la crise post-électorale, Madeleine Gozé, une représentante des victimes, insiste sur la nécessité de transmettre cette mémoire aux générations futures.
« Les enfants doivent savoir ces faits pour ne pas laisser l’histoire se répéter », soutient dame Madeleine Gozé. Réalisés par de jeunes artistes ivoiriens, ces monuments symbolisent un lien entre les blessures du passé et les perspectives.
Les cicatrices de cette crise, qui a profondément ébranlé la société ivoirienne, n’ont pas été ignorées. Dès la fin du conflit, les autorités ont mis en place des politiques de commémoration et de réparation, dans le but de répondre aux séquelles sociales causées par les violences.
Poser les bases d’une paix durable
Après une transition politique particulièrement tendue, le nouveau pouvoir, sous l’ère Alassane Ouattara, s’engage à restaurer l’état de droit et fait de la réconciliation une priorité nationale pour panser les blessures du passé tout en assurant la justice.
La lutte contre l’impunité devient alors un axe prioritaire, tout comme la promotion d’une justice équitable. Dès 2011, des engagements sont pris par le gouvernement ivoirien en faveur d’une « ère d’espérance ».
Plusieurs dispositifs voient le jour. Une Cellule spéciale d’enquête est créée en juin 2011, suivie par la Commission nationale d’enquête et la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (CDVR). En 2014, la CDVR est remplacée par la Commission nationale pour la réconciliation et l’indemnisation des victimes (Conariv), qui recense près de 160 000 victimes.
Outre ces dispositifs d’encadrement du devoir de mémoire, les victimes sont indemnisées. En 2012, le Programme national de cohésion sociale (PNCS) est lancé et est chargé d’accompagner et d’indemniser les victimes. Fin 2014, il est doté d’un fonds de près de 10 milliards de FCFA pour renforcer son efficacité.
L’impératif de la réconciliation et de la concorde
Pour favoriser un climat apaisé, les pouvoirs publics s’appuient sur les organisations de la société civile et mettent en place plusieurs initiatives d’envergure, notamment dans les zones où les tensions intercommunautaires ont été les plus vives.
À Duékoué (Ouest), ville meurtrie par les affrontements entre communautés guérés et malinkés, des témoignages récents font état de progrès concrets. Grâce à des actions de réconciliation, la paix est aujourd’hui retrouvée.
Alassane Ouattara fait aussi de l’avenir de la jeunesse une priorité. Sous sa coupole, le gouvernement a mis en place des politiques d’insertion des jeunes. Un programme national, lancé pour la période 2023-2025, prévoit un budget de 1 118 milliards de FCFA pour accompagner 1,5 million de jeunes.
Entre 2020 et 2023, plus de 225 000 jeunes ont bénéficié d’un appui à l’entrepreneuriat, dont près de 59 % sont des femmes. Dans un souci d’apaisement, une ordonnance d’amnistie est signée en août 2018, permettant la libération de quelque 800 personnes impliquées dans la crise post-électorale, parmi lesquelles plusieurs figures de l’opposition.
Le retour au pays de Laurent Gbagbo en 2021, après son acquittement par la Cour pénale internationale, marque une nouvelle étape dans l’ouverture du paysage politique. Les élections législatives de mars 2021, qui se sont tenues dans un contexte serein, sont le signe d’un apaisement réel.
À l’approche de la présidentielle du 25 octobre 2025, la tension monte dans les différents quartiers généraux des partis politiques. Les autorités ivoiriennes affirment, ainsi, leur volonté de garantir un processus électoral transparent et apaisé.
AP/Sf/APA
Source: APANEWS