L’Ukraine a dénoncé mardi les conditions de paix présentées la veille par la Russie lors de négociations à Istanbul, estimant qu’il s’agissait d’« ultimatums » irréalistes qui ne permettront pas de mettre fin à la guerre. François Bayrou rencontre son homologue ukrainien à Matignon. Nicolas Maduro condamne des attaques « terroristes » de l’Ukraine en Russie. Retour sur les événements qui ont marqué la nuit du mardi 3 au jeudi 4 juin 2025.
Le Kremlin a écarté mardi 3 juin tout règlement à court terme du conflit armé en Ukraine, au lendemain de nouveaux pourparlers russo-ukrainiens peu fructueux à Istanbul. L’Ukraine a de son côté accusé Moscou d’avoir présenté lors de ces négociations des demandes maximalistes, estimant qu’il s’agissait d’« ultimatums déjà connus » qui « ne font pas avancer la situation vers une paix véritable ».
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La Russie campe sur ses positions
Alors que l’armée russe, plus nombreuse et mieux équipée, a l’avantage, Kiev accuse depuis des mois la Russie de faire traîner les négociations de paix, car Moscou refuse sa demande d’une trêve inconditionnelle, estimant qu’elle permettrait à l’Ukraine de reprendre des forces avec l’aide de ses alliés occidentaux.
« Il serait erroné d’attendre des décisions et des avancées immédiates », a tranché mardi le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. « La question du règlement est extrêmement complexe et comporte de nombreuses nuances », a-t-il ajouté, rappelant que Moscou souhaitait avant tout « éliminer les causes profondes du conflit » pour parvenir à la paix.
La Russie campe sur ses positions, à savoir la cession par Kiev de quatre régions qu’elle occupe partiellement, en plus de la Crimée annexée en 2014, et que l’Ukraine renonce à intégrer l’Otan. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a parallèlement annoncé que l’Ukraine avait été invitée à un sommet de l’Alliance fin juin à La Haye.
Le chef de la diplomatie ukrainienne, Andriï Sybiga, a regretté mardi que « le format d’Istanbul se soit transformé en réunions sur les échanges de prisonniers de guerre », sans « résultat tangible » sur une fin de l’offensive russe lancée en février 2022.
Vers des échanges de prisonniers de guerre
Lundi, Russes et Ukrainiens s’étaient retrouvés pour la deuxième fois en deux semaines à Istanbul pour des discussions de paix directes, sous médiation turque. Lors de cette réunion, la Russie a une nouvelle fois rejeté la proposition de Kiev et des Européens d’instaurer un cessez-le-feu « inconditionnel » de 30 jours. Elle a proposé en retour une trêve partielle de 2 ou 3 jours dans certains secteurs du front.
Russes et Ukrainiens ont toutefois convenu d’échanger tous leurs prisonniers de guerre de moins de 25 ans ou grièvement blessés, ainsi que des milliers de corps de soldats tués. En revanche, les exigences de chaque camp, sur le fond, semblent toujours aussi inconciliables.
La délégation russe a remis aux Ukrainiens un mémorandum, publié par les agences de presse russes. Moscou y demande à Kiev de retirer ses troupes des quatre régions d’Ukraine dont la Russie revendique l’annexion, avant tout cessez-le-feu global. Ces conditions sont inacceptables pour l’Ukraine, qui demande un retrait pur et simple des troupes russes de son territoire, ainsi que des garanties de sécurité concrètes des Occidentaux.
Kiev appelle Washington à sanctionner davantage Moscou pour la « contraindre » à accepter une trêve globale, mais Donald Trump a refusé pour l’heure de prendre de telles mesures, disant ne pas vouloir faire échouer un potentiel accord. En l’état, une rencontre entre Vladimir Poutine, Volodymyr Zelensky et Donald Trump est « peu probable » dans un avenir « proche », selon M. Peskov.
Une délégation de hauts responsables ukrainiens se trouve mardi à Washington pour discuter avec l’administration Trump du « soutien à la défense » de leur pays et de dossiers économiques, notamment le renforcement des sanctions contre Moscou, a annoncé Kiev.
Ponts et trains visés
Sur le terrain, les frappes et attaques se poursuivent. Selon les autorités ukrainiennes, un bombardement russe a tué mardi deux civils dans un village de la région de Kharkiv (nord-est), tandis qu’au moins quatre autres sont morts lors d’une frappe de roquettes sur la ville de Soumy (nord), qui a fait au moins 20 blessés.
La région de Soumy, frontalière de la Russie, est soumise à une pression accrue depuis des semaines, Moscou disant vouloir y constituer une « zone tampon » pour prévenir des incursions ukrainiennes. Mardi, l’armée russe y a revendiqué la prise d’une nouvelle localité.
L’Ukraine continue de son côté d’entreprendre des opérations en territoire russe. Mardi, elle a revendiqué une attaque à l’explosif contre le pont de Crimée, ouvrage gigantesque déjà visé à deux reprises par Kiev.
Moscou a aussi accusé mardi l’Ukraine d’être à l’origine des explosions qui ont provoqué le week-end dernier l’effondrement de deux ponts et des accidents de trains en Russie, qui ont fait sept morts et 113 blessés, dont des enfants.
François Bayrou reçoit son homologue ukrainien à Matignon
Le Premier ministre français François Bayrou a reçu mardi à Matignon son homologue ukrainien Denys Chmyhal, rappelant à cette occasion l’engagement « indéfectible » de la France aux côtés de l’Ukraine face à la « guerre d’agression » de la Russie, à travers plusieurs accords de coopération.
Les deux chefs de gouvernement ont salué « la solidité » des relations franco-ukrainiennes et pris « plusieurs engagements concrets » pour aider l’Ukraine à « faire face à la menace contre son territoire, réparer les infrastructures essentielles détruites, et préparer (son) avenir européen », a détaillé Matignon dans un communiqué.
En matière d’industrie de défense, la France a annoncé une enveloppe « de garanties de financement » allant jusqu’à 1,5 milliard d’euros pour l’Ukraine, qui vise à « mobiliser davantage » les entreprises françaises de ce secteur et à développer des « partenariats de long terme » dans le « renforcement des capacités de production et d’innovation technologique », et ce dans les deux pays.
Pour « réparer » les infrastructures essentielles détruites en Ukraine, la France va reconduire, à partir de 2026, un « fonds de soutien » d’un montant de 200 millions d’euros, associant « contributions publiques et cofinancements des entreprises ainsi que d’autres bailleurs ».
Un premier fonds bilatéral du même montant a permis de financer 19 projets d’entreprises françaises en Ukraine dans les secteurs de la santé, des transports, du déminage, de l’énergie et de l’eau, a salué Matignon.
Les deux pays ont également signé « un programme de coopération » visant à soutenir le processus d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne, « un arrangement administratif » destiné à promouvoir l’enseignement de la langue française en Ukraine et à faciliter la mobilité académique, ainsi qu’une « déclaration d’intention » relative à la simplification des procédures d’échange de permis de conduire.
Venezuela : Maduro condamne des attaques « terroristes » de l’Ukraine
Le président vénézuélien Nicolas Maduro a qualifié mardi de « terroristes » les récentes attaques ukrainiennes en Russie après que Moscou a accusé Kiev d’être à l’origine d’explosions ferroviaires sur son territoire.
« La Russie recherche la paix […] Alors qu’avance l’armée russe, héritière de l’Armée rouge contre les nazis en Ukraine, que fait l’Ukraine ? Du terrorisme, ce sont des nazis, ils font sauter des ponts, des voies ferrées, attaquent les civils », a affirmé Nicolas Maduro à la télévision.
Moscou a accusé mardi l’Ukraine d’être à l’origine des explosions ayant provoqué dans la nuit de samedi à dimanche l’effondrement de deux ponts et des accidents de trains dans les régions de Koursk et de Briansk, qui ont fait sept morts et plus d’une centaine de blessés.
Les autorités ukrainiennes ont, elles, revendiqué mardi une attaque à l’explosif contre le pont de Kertch, construit par la Russie entre son territoire et la péninsule de Crimée après l’avoir annexée en 2014. « Depuis le Venezuela, nous condamnons l’attaque terroriste nazie contre le droit à la paix du peuple russe », a poursuivi le dirigeant vénézuélien.
La Russie, l’un des rares pays à avoir reconnu l’élection contestée de M. Maduro en juillet, est l’un des principaux partenaires du Venezuela depuis le durcissement en 2019 des sanctions américaines et l’embargo pétrolier visant à évincer le président vénézuélien du pouvoir.
Source: msn