ebboune prône une réponse aux défis structurels de l’économie

 

Lors du Sommet mondial pour le développement social à Doha, le président algérien a défendu une vision d’État-providence présentée comme un modèle de justice et de solidarité, sans toutefois aborder les faiblesses profondes d’une économie toujours dépendante de la rente pétrolière.

À l’occasion du 2ᵉ Sommet mondial pour le développement social tenu à Doha, le président Abdelmadjid Tebboune a réaffirmé, dans un message lu en son nom par Azouz Nasri, président du Conseil de la nation, la « fidélité de l’Algérie à un modèle fondé sur la justice sociale et la solidarité ». Présenté comme un pilier de stabilité, ce modèle reste néanmoins marqué par un étatisme persistant et une économie administrée dépendante des recettes d’hydrocarbures.

Le chef de l’État a vanté une série de mesures sociales — revalorisation du salaire minimum, allocations chômage pour les jeunes, exonérations fiscales pour les bas revenus et extension des aides de solidarité — censées illustrer la dimension sociale du régime. Mais ces dispositifs, financés par la manne pétrolière, continuent de masquer l’absence de réformes structurelles capables de diversifier durablement l’économie et de réduire le chômage endémique des jeunes.

Tebboune a insisté sur « la protection des catégories vulnérables » et « l’inclusion sociale », sans évoquer la fragilité d’un système de protection qui repose presque entièrement sur les dépenses publiques et sur un État-providence sous perfusion budgétaire.

Le gouvernement mise sur la redistribution, mais sans stratégie claire de productivité, d’investissement privé ni de transition énergétique, alors que la dépendance aux hydrocarbures représente encore plus de 90 % des recettes d’exportation.

Le discours a également mis en avant les progrès de l’Algérie en matière d’égalité des sexes — congé de maternité prolongé, fonds d’allocation pour les femmes divorcées, promotion professionnelle —, sans aborder les obstacles persistants : faible taux d’activité féminine, disparités régionales et poids du secteur informel, qui limitent l’impact réel de ces réformes.

En matière de développement territorial, le chef de l’État a salué le plan des « zones d’ombre » lancé en 2020, vanté pour avoir désenclavé plusieurs régions rurales et supprimé 45 000 habitations précaires. Mais cette approche, essentiellement centralisée, reste marquée par une logique de gestion administrative du développement, sans participation locale ni évaluation indépendante des résultats.

Sur le plan international, Tebboune a réitéré les positions classiques de la diplomatie algérienne : soutien au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, attachement à la paix et à la souveraineté nationale. Une rhétorique héritée du non-alignement, alors même que l’Algérie peine à définir une politique étrangère cohérente face aux mutations régionales et à l’isolement croissant de son économie.

En saluant « la vision et les efforts » de l’émir du Qatar pour la réussite du sommet, le message présidentiel s’est voulu rassembleur et solennel. Mais derrière la mise en scène sociale, le modèle algérien demeure prisonnier d’un équilibre précaire entre redistribution et rente, dans un contexte où la diversification productive et la gouvernance économique restent les grands absents du discours officiel.

Le plaidoyer de Doha illustre la continuité d’un modèle social généreux mais économiquement insoutenable. Derrière la rhétorique de justice et d’inclusion, le pouvoir algérien maintient un système où l’État redistribue sans produire, préservant la paix sociale au prix d’un immobilisme structurel.

SOURCE : APA News/MK/ak/Alger (Algérie)

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