Le Palais de la culture de Treichville a vibré, le 23 mai, sous les pas engagés de la compagnie Cab-Art. «Odyssée», création contemporaine de Morel Yannick Bao, chorégraphe et directeur artistique, a captivé une jeunesse venue nombreuse s’imprégner d’un spectacle-miroir sur les périls de l’immigration clandestine.
Soutenu par l’Union européenne (Ue) et le Centre national des arts et de la culture (Cnac), ce récit dansé, nourri de témoignages recueillis au Maroc, transcende l’art pour devenir un plaidoyer. « Odyssée n’est pas qu’un spectacle, c’est une voix pour les sans-voix », confie Morel Yannick Bao. Inspiré par des rencontres avec des exilés en situation de précarité, il dépeint, via des corps sous tension et des sonorités mêlant tradition et modernité, les errances et désillusions de ceux qui bravent la Méditerranée. « La danse contemporaine, universelle, permet à chacun de s’identifier sans barrières ethniques ou culturelles », explique-t-il, rejetant tout folklorisme. Son objectif, sensibiliser aux « méfaits » de l’exil illégal et promouvoir les voies légales via des programmes scolaires et des tournées en Afrique de l’Ouest.
« Notre soutien s’inscrit dans une priorité : offrir à la jeunesse ivoirienne des messages clairs, portés par des artistes engagés. La qualité artistique et la pertinence du message sont indissociables », a déclaré Martina Borovaz, cheffe de section politique à l’Ue. Pour sa part, Bacome Niamba, chorégraphe et mentor de Bao, a salué une initiative « salutaire ».
Entre onirisme et réalisme brut, «Odyssée» incarne plus qu’une performance. Il s’agit d’un appel à repenser les migrations, mêlant mémoire collective et espoir individuel. Salle comble et lumières éteintes, reste cette question : comment reconstruire des rêves sans naufrages ?
Source: fratmat.info