A l’occasion de la célébration du 64ème anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, du 07 Aout 2024, le Président du Pdci-Rda Tidjane Thiam s’est adressé à la nation. Nous vous proposons son adresse emprunte de sagesse.
« Ivoiriennes, Ivoiriens, Habitants de Côte d’Ivoire,
Ce jeudi 7 août, jour anniversaire de l’indépendance de notre pays, me donne l’agréable occasion de m’adresser à vous.
Il y a un peu plus d’un an, exactement le 1er août 2023, disparaissait le deuxième Président de la République de Côte d’Ivoire, Son Excellence Aimé Henri Konan Bédié. La nation tout entière lui a rendu un hommage mérité en mai et juin dernier.
Je tiens encore une fois à renouveler toute ma gratitude aux Ivoiriennes et aux Ivoiriens, ainsi qu’aux amis de la Côte d’Ivoire et à remercier ici, toutes celles et tous ceux qui ont contribué à lui rendre un vibrant et émouvant dernier hommage, à la mesure de la part qu’il a prise au développement de notre pays.
Le PDCI RDA a tenu à saluer le premier anniversaire de cette perte cruelle partout où il est implanté en Côte d’Ivoire et à l’étranger. J’ai moi-même présidé ces commémorations en France où je me trouve.
J’ai une pensée émue pour sa veuve et sa famille et leur exprime ici toute ma sollicitude.
Ivoiriennes, Ivoiriens,
Alors que nous célébrons le 64e anniversaire de l’indépendance du pays fondé par Felix Houphouët Boigny, j’aimerais vous demander de m’accorder quelques minutes de votre temps aujourd’hui, pour que nous réfléchissions ensemble au sens profond de l’action qu’a menée pendant toute sa vie, ce grand homme, le père de notre nation.
Cela me parait nécessaire car nous entrerons dans quelques mois, dans une année essentielle pour l’avenir de notre pays, avec l’élection présidentielle d’octobre 2025. Le 7 aout est chaque année une date toute particulière dans le calendrier de notre pays. C’est en effet l’anniversaire de la création de notre pays, une date à laquelle le devoir s’impose à nous de marquer un temps d’arrêt pour d’une part, réfléchir à notre histoire commune, tirer les leçons du passé et, d’autre part, imaginer notre avenir commun.
Je vais procéder à une analyse de certains éléments de notre passé, de 1960 à aujourd’hui pour en tirer quelques leçons essentielles.
Je veux vous parler ce soir d’une valeur qui était la valeur la plus chère au Président Houphouët Boigny : la Paix.
Il ne se lassait pas d’en parler, dans chacune de ses interventions, nous exhortant, nous tous ivoiriens, à chérir la Paix, à nourrir et à développer un véritable amour de la Paix.
Comme il aimait à le dire, avec l’éloquence qui le caractérisait : ‘La Paix ce n’est pas un mot, c’est un comportement’.
L’histoire de notre pays est là pour nous démontrer et nous rappeler à quel point il avait raison.
Je vais utiliser ici une fois de plus, une mesure internationalement reconnue de développement, l’IDH ou Indice de Développement Humain (IDH).
Les experts en développement ont toujours souhaité disposer d’une mesure qui permette de comparer les nations de la façon la plus objective possible.
L’IDH mesure en effet, pour simplifier, l’espérance de vie – combien d’années les citoyens d’un pays peuvent espérer vivre à la naissance, l’éducation – combien d’annéespassent à l’école, les enfants d’un pays et le niveau de vie – est ce que les citoyens d’un pays peuvent se nourrir, se loger.
L’IDH, c’est donc la durée de la vie, l’éducation et le niveau de vie.
Ces mesures sont faites chaque année pour tous les pays à partir de données fournies par les gouvernements de chaque pays.
De même que le mètre ou le kilogramme ont été adoptés comme mesure par tous les scientifiques du monde, personne ne conteste sérieusement la valeur et la pertinence de cet indicateur.
Alors, penchons-nous ensemble sur l’histoire que nous raconte l’IDH de notre pays, au-delà de la polémique politicienne.
Quand le Président Houphouët Boigny, nous quittait en décembre 1993, l’IDH de la Cote d’Ivoire était de 118. Nous étions classés donc 118e dans le monde, en termes de développement humain. Un rang tout à fait honorable pour notre jeune nation.
Quand le PDCI quitta le pouvoir en décembre 1999, nous étions classés 125e dans le monde.
Beaucoup d’entre vous sont trop jeunes pour avoir vécu dans une Cote d’Ivoire qui occupait un tel rang dans le monde. Peut-être éprouvez-vous de l’impatience à écouter ceux d’entre nous qui sont plus âgés que vous, parler avec nostalgie de ces années, et je le comprends.
Nous essayons en fait de vous dire deux choses importantes.
La première, c’est qu’il est possible pour un petit pays d’Afrique de l’Ouest, à force de travail et d’ambition, de tenir son rang parmi les nations. Je peux vous dire que tous les Ivoiriens se sentaient fiers des progrès accomplis par leur pays, parmi les nations africaines.
La deuxième chose que nous essayons de vous dire, à vous les plus jeunes d’entre nous, est que c’est la paix qui a régné en Côte d’Ivoire pendant les décennies qui ont suivi notre indépendance, c’est la paix dis-je, qui nous a permis de faire de tels progrès dans les domaines qui comptent le plus pour tout pays, la santé et l’éducation, à la différence de pays qui avaient cédé à la tentation de la violence,
Que s’est-il passé depuis 1999 ?
A la fin de l’année 2000, en douze mois seulement, notre pays était passé de 125e dans le monde à la 141ème place, une chute de 16 places, la plus importante jamais enregistrée par notre pays, dans son histoire, en une seule année.
C’est là qu’eut lieu le premier grand décrochage dont nous ne sommes jamais, jamais, jamais remis.
Après les conflits et la violence qui ont meurtri notre pays pendant la décennie 2000 – 2010, nous étions en 2010, 167e dans le monde.
Malgré tous les efforts déployés depuis, nous étions encore 166e en 2015 puis 159e en 2022.
Je ne citerai pas notre classement en 2023, compte tenu de la polémique que j’ai vu se développer depuis mon discours de Soubré il y a quelques semaines. C’est là franchement, une tempête dans un verre d’eau.
Ce dont je parle ici est trop important pour que je me laisse entrainer dans des débats stériles. Je parle de la vie de chacune et de chacun d’entre nous. C’est un sujet à la fois trop sérieux et trop important pour que l’on se permette de l’utiliser à des fins bassement politiciennes.
Ce que j’essaie de vous dire, c’est que le message d’Houphouët Boigny prend toute sa valeur quand nous suivons l’évolution du développement humain dans notre pays au fil des ans.
Ce que ces chiffres, ces résultats veulent nous dire, c’est que la violence et le conflit ne sont jamais, JAMAIS la solution pour un pays.
Quand un pays sombre dans la violence, les premières victimes de cette violence sont les plus faibles et les plus démunis. C’est cette triste réalité que l’IDH capture.
Quand on est jeune et démuni, la violence parait certainement une solution tentante, l’arme qui va vous permettre d’acquérir rapidement tous ces biens que vous aimeriez posséder, cette voiture, cette villa, cet ordinateur’ cette voiture Je vous le dis, ce n’est pas vrai.
Tout ce que la violence apporte, c’est une régression sur tous les plans. Les dégâts que provoque la violence dans un pays, il faut des dizaines d’années pour les réparer. Voilà ce que nous dit le fameux IDH pour notre pays.
C’est pour cela qu’Houphouët Boigny voulait nous inculquer à tous, l’amour de la paix. C’est pour cela que je ne vous parle que d’apaisement, de tolérance, de paix dans chacune de mes interventions.
C’est cela le vrai message de l’houphouetisme : la Paix, l’amour de la Paix Voilà ce dont je tenais à vous parler aujourd’hui
‘Celui qui ne connait pas l’histoire est condamné à la revivre’ a dit Winston Churchill. Alors que nous nous rapprochons de 2025, je crains que des leaders sans scrupules essaient de nouveau, de nous entrainer dans la voie du conflit et de la violence.
Si je me suis porté candidat à la Présidence du parti d’Houphouët Boigny, dont les militants m’ont fait l’immense honneur de m’élire, si je m’adresse à vous aujourd’hui, c’est pour barrer le chemin à ceux qui n’auraient rien appris du passé récent de notre pays.
Les Ivoiriens sont fatigués de la violence, des injures et des outrances verbales. Ils veulent vivre dans une Cote d’Ivoire apaisée et réconciliée.
Je m’efforce au PDCI de susciter des débats sur des sujets déterminants pour l’avenir de notre pays.
C’est le sens du combat que je mène aujourd’hui.
Ainsi, il y a quelques mois, j’ai relevé que trop peu d’ivoiriens étaient inscrits sur nos listes électorales pour que nous ayons des élections crédibles. J’ai indiqué qu’il fallait que 4 à 5 millions d’ivoiriens de plus, soient inscrits sur les listes électorales. Je ne peux qu’observer, qu’après les polémiques et injures que mes interventions semblent toujours susciter chez mes adversaires politiques dans un premier temps, ces chiffres semblent maintenant acceptés de tous, y compris à la Commission Electorale Indépendante (CEI)
J’ai parlé de l’IDH il y a quelques semaines. De nouveau, après que j’eus subi attaques et injures, mes propos ont suscité un débat que je crois utile sur l’état de l’éducation et de la santé dans notre pays.
Dans le message que je vous ai adressé à la fin de l’année dernière, j’ai pris l’engagement de faire de la politique autrement. Faire de la politique autrement, ce n’est ne pas craindre de mettre sur la table et de débattre de questions fondamentales pour l’avenir de notre pays.
Faire de la politique autrement, ce n’est ne jamais tomber dans l’invective ou les injures. Malgré les attaques dont je suis l’objet de façon quasi quotidienne, je suis reste fidèle à cette ligne de conduite et je n’en dévierai pas. C’est en nous comportant de la sorte que nous, leaders politiques ivoiriens, pouvons éviter les erreurs du passé et ainsi véritablement honorer la mémoire du Président Houphouët Boigny Tous les jours quand je les rencontre, les Ivoiriens me disent à quel point ils apprécient ma démarche et celle du PDCI et je dois avouer que cela me fait chaud au cœur et m’encourage à poursuivre dans cette voie. Les adhésions au PDCI sont bien la preuve que cette approche plait aux ivoiriens et suscite chez eux, un engouement réel.
Je les en remercie et je m’en réjouis.
Comme le Prédisent Houphouët l’a si bien et si souvent dit, la paix ce n’est pas un mot, c’est un comportement.
Ce sont donc bien nos comportements qui comptent et nos comportements seuls.
Avant de clore mon propos, je veux revenir sur l’actualité récente de notre pays.
Sur le plan social, si on peut se féliciter du succès éclatant des Éléphants footballeurs lors de la CAN 2023 et de la bonne organisation de ce rendez-vous sportif continental, nous regrettons les déguerpissements sans ménagement de populations que nous avons tous pu observer avec tristesse.
Pendant la dernière semaine du mois de juillet, le cas d’Adjamé où il y a eu de violentes échauffourées fut particulièrement choquant. Je tiens à exprimer ici ma compassion aux victimes de ces circonstances malheureuses
S’il est parfois nécessaire de procéder à des déplacements involontaires de populations dans le cadre de projets de développement, nous invitons les autorités à respecter les normes internationales dans ce domaine, qui imposent la concertation avec les populations, leur dédommagement et le cas échéant leur relogement.
Je me réjouis que le chef de l’Etat ait annoncé des mesures dans ce sens dans son discours du 6 aout et nous suivrons de près la mise en œuvre de ces mesures.
Faire de la politique autrement c’est aussi saluer les initiatives du gouvernement, lorsqu’elles vont dans le bon sens. Cela participe du patriotisme, du vrai patriotisme Ivoiriennes, Ivoiriens
Le PDCI-RDA est porteur d’un projet social, économique et politique, qui met avant tout, l’accent sur la personne humaine, les femmes et les hommes de ce pays. Un projet qui fera régner la paix dans un pays de tolérance, un pays fier de sa diversité et qui offre à ses enfants, quelle que soit leur lieu de naissance, leur religion ou leur ethnie, leur chance.
2025 sera une année particulièrement importante pour notre pays. Nous souhaitons qu’enfin l’année prochaine, les Ivoiriens fassent l’expérience d’une élection transparente, crédible, inclusive et apaisée.
Nous travaillons dans ce sens avec la société civile et différents partis politiques
Ivoiriennes, Ivoiriens, Habitants de Côte d’Ivoire,
Le 7 août est notre fête.
Je veux avoir une pensée ici pour nos athlètes qui participent actuellement aux XXXIII emes Jeux Olympiques qui ont lieu à Paris.
Ils illustrent avec brio le dynamisme de la jeunesse de notre pays. Sans diminuer le mérite de nos athlètes masculins, je veux saluer le travail effectué par les dirigeants de notre sport pour la promotion du sport chez les femmes. Nos athlètes ivoiriennes ont eu une participation fort remarquée à ces jeux avec une Ivoirienne en finale du 100 m et une autre en finale du 200m. Elles donnent ainsi à des milliards de téléspectateurs à travers le monde, une image positive de la femme ivoirienne et de la femme africaine.
Le 7 aout est aussi une fête marquée par un défilé militaire qui me donne l’occasion de rendre un hommage mérité et appuyé aux officiers, sous-officiers, gendarmes, soldats, marins et aviateurs, qui assurent notre sécurité et garantissent le respect de notre souveraineté.
Nous comptons sur nos armées, sur leur compétence, sur leur dévouement, sur leur sens du devoir et de la République.
Que prévale dans notre pays un sentiment de solidarité avec nos corps habillés, en ce jour mémorable de la célébration de nos armées, gardiennes des principes qui fondent notre République, pour le service et au service de la Côte d’Ivoire !
La paix, notre bien commun le plus précieux, n’est possible que grâce à ces femmes et à ces hommes qui assurent notre sécurité à l’intérieur du pays mais aussi sur nos frontières, sur terre sur mer et dans les airs.
Ivoiriennes, Ivoiriens, habitants de Côte d’Ivoire,
Le PDCI-RDA, par ma voix, vous engage à continuer à construire une Côte d’Ivoire fidèle à la vision originelle du Président Félix Houphouët-Boigny.
Une Côte d’Ivoire unie, paisible, tolérante et fraternelle.
Bonne fête de l’indépendance.
Vive la Côte d’Ivoire.
Vive la République.