Climat : l’Afrique mise sur l’adaptation face à un réchauffement proche de 3 °C

Selon l’économiste Hafez Ghanem, auteur d’une récente analyse du Policy Center for the New South (PCNS), l’Afrique doit désormais placer l’adaptation au cœur de sa stratégie climatique. Le continent ne dispose en effet que d’une marge de manœuvre limitée pour influencer une trajectoire mondiale qui mène vers un réchauffement d’environ 3 °C d’ici la fin du siècle, en raison du ralentissement des efforts d’atténuation dans les pays industrialisés.

Le rapport rappelle que 2024 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée, avec une température moyenne mondiale supérieure de 1,55 °C à celle de l’ère préindustrielle, selon l’Organisation météorologique mondiale. M. Ghanem souligne que ce réchauffement est avant tout lié au stock historique de gaz à effet de serre déjà présent dans l’atmosphère, ce qui rend peu probable une inversion rapide de la tendance actuelle.

Même si les pays respectaient leurs engagements climatiques actuels, les trajectoires disponibles convergent vers une hausse d’environ 3 °C, loin des objectifs de l’Accord de Paris. L’Afrique, qui ne représente qu’environ 7 % des émissions cumulées mondiales et 6 % des émissions récentes — avec des niveaux par habitant très inférieurs à ceux des grands pollueurs — n’a donc que peu de prise sur la dynamique globale.

Le continent reste toutefois en première ligne face aux impacts d’un réchauffement aggravé, notamment en Afrique du Nord, en Afrique australe et dans les zones déjà en déficit hydrique. L’étude prévoit une hausse supérieure à 3 °C en Afrique australe, des vagues de chaleur plus fréquentes, une baisse des précipitations dans plusieurs régions, ainsi qu’un risque accru pour les villes côtières exposées à la montée du niveau de la mer.

Les conséquences économiques pourraient être lourdes : de 2 % à 4 % du PIB africain pourraient être perdus d’ici 2040, en raison des effets sur l’agriculture, les pêches, les infrastructures ou encore la santé publique. Parmi les impacts cités figurent des chutes de rendement agricole pouvant atteindre 22 % en Afrique subsaharienne et une recrudescence des maladies liées à l’eau ou aux vecteurs.

Face à ce constat, l’adaptation apparaît comme un impératif stratégique. Le rapport met en avant plusieurs priorités : systèmes d’alerte précoce, gestion durable de l’eau, protection des littoraux, infrastructures résilientes, restauration des terres dégradées, renforcement des systèmes de santé et développement de filets sociaux adaptés.

Les besoins financiers sont estimés à plus de 100 milliards de dollars par an, alors que l’Afrique n’en reçoit aujourd’hui qu’une faible partie, souvent sous forme de prêts. L’auteur appelle donc à accroître les ressources internes, mobiliser davantage le secteur privé et recourir à des mécanismes innovants tels que les échanges dette-climat.

En conclusion, le rapport affirme que l’adaptation doit devenir le pilier central de l’action climatique africaine, tout retard risquant d’entraîner des dommages irréversibles pour le continent.

SOURCE:APANews

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