Face à l’aggravation de l’insécurité en Afrique de l’Ouest et au retrait de trois pays sahéliens, la Cédéao intensifie ses efforts pour rendre opérationnelle sa Force en attente, instrument central pour la lutte antiterroriste et la prévention des crises.
La 43ᵉ réunion du Conseil de médiation et de sécurité (MSC) de la Cédéao s’est tenue mercredi au siège de la Commission à Abuja, réunissant les représentants permanents des États membres, les directeurs de la Commission et le personnel des directions politiques, paix et sécurité et alerte rapide.
Le Conseil a examiné la situation démocratique, politique, sécuritaire et humanitaire en Afrique de l’Ouest, marquée par le retrait du Mali, du Niger et du Burkina Faso de la Cédéao et par l’aggravation de l’insécurité. La réunion a également fait le point sur l’activation de la Force en attente, dont le financement durable et la formation spécialisée ont été au centre des travaux préparatoires.
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) avait alerté le 19 novembre sur la propagation du terrorisme dans toute la région, indiquant que plus de 1 900 personnes ont été tuées depuis le début de l’année 2025. Le président de la Commission, Dr Omar Alieu Touray, a souligné devant le Conseil de sécurité de l’ONU que les violences extrémistes ne se limitaient plus au Sahel ou au bassin du lac Tchad : « Toute l’Afrique de l’Ouest est désormais touchée ». Les groupes armés GSIM, État islamique au Sahel, ISWAP, Boko Haram et Lakurawa gagnent en mobilité et en puissance de feu, mettant à mal les forces nationales.
Les mécanismes d’alerte précoce de la Cédéao font état de 450 attaques depuis janvier, marquant une intensification notable des activités terroristes. Dr Touray a également dénoncé une « guerre économique » menée par les groupes armés, perturbant l’approvisionnement en carburant et les échanges commerciaux dans les zones qu’ils occupent. Au Nigéria, la situation s’est dégradée avec l’enlèvement d’écolières et la mort de plusieurs soldats lors d’attaques des jihadistes de la province de l’État islamique en Afrique de l’Ouest.
Face à cette montée des menaces, la Cédéao a engagé l’extension de sa Force en attente, dont les effectifs devraient passer de 1 650 à 5 000 hommes, avec le soutien des États membres et de partenaires internationaux. Le président de la Commission a toutefois regretté la dispersion des initiatives de lutte antiterroriste et le climat de méfiance freinent la coopération régionale.
Cette réunion du MSC s’inscrit dans la continuité des efforts entamés depuis février 2025 et des directives du 67ᵉ sommet des chefs d’État, visant à transformer la Force en attente d’un projet conceptuel à un instrument opérationnel capable d’intervenir rapidement face aux crises et de renforcer la stabilité régionale. Elle confirme la volonté de la Cédéao de renforcer la coopération régionale, d’assurer la sécurité collective et de consolider les capacités de la Force en attente.
SOURCE : APA News/AC/-Abuja (Nigéria)