Les coûts du transport maritime ont chuté de moitié fin 2025 sur les principales routes commerciales, une évolution qui devrait alléger l’inflation au Maroc et réduire les pressions sur les réserves en devises, alors que de nouvelles normes environnementales redessinent les flux en Méditerranée.
Les tarifs du fret maritime poursuivent leur recul au quatrième trimestre 2025, retrouvant des niveaux proches de ceux d’avant les crises logistiques mondiales. Selon les données rapportées par la presse économique, les prix des conteneurs ont baissé de 50 % par rapport à la même période de 2024, notamment sur les routes transpacifiques et la liaison Shanghai–Maroc–Europe.
Un conteneur de 40 pieds se négocie désormais autour de 2 000 dollars, contre plus du double un an plus tôt. Cette détente marque un renversement notable après les flambées consécutives à la reprise post-Covid et au déclenchement de la guerre en Ukraine, qui avaient fortement renchéri les coûts d’importation.
Les opérateurs interrogés soulignent que cette décrue devrait contribuer à modérer l’inflation au Maroc, où les fluctuations du coût du fret influencent directement les prix à la consommation et les dépenses en devises liées aux importations. La stabilisation observée depuis septembre favorise une meilleure prévisibilité des flux et pourrait réduire la facture extérieure du Royaume en 2026. Les experts anticipent toutefois un léger redressement des tarifs durant la deuxième semaine de janvier, en raison de la saisonnalité des échanges avant le Nouvel An chinois prévu le 17 février 2026. Cette hausse devrait toutefois rester contenue, loin des tensions extrêmes connues entre 2021 et 2023.
Sur le plan structurel, la baisse actuelle intervient alors que de nouvelles réglementations environnementales modifient la géographie du transport maritime en Méditerranée. Depuis le 1er mai 2025, la région est devenue zone de contrôle renforcé des émissions de soufre (SECA-Med), imposant un plafond de 0,1 % contre 0,5 % auparavant. Cette norme crée une distinction entre les navires capables d’opérer à très faibles émissions et ceux contraints de contourner la zone, générant deux types de routes selon la compatibilité environnementale des flottes.
Cette évolution ouvre de nouvelles opportunités logistiques pour le Maroc. La redirection d’une partie des flux par le cap de Bonne-Espérance et la montée en puissance des corridors d’Afrique de l’Ouest renforcent l’importance stratégique du littoral atlantique marocain. Les ports de Casablanca, Agadir et le futur complexe de Dakhla Atlantique pourraient bénéficier d’un repositionnement des services maritimes, notamment pour les lignes d’échanges Nord-Sud et les trafics de transbordement.
Le périmètre SECA-Med, qui s’étend du méridien du phare de Cap Spartel jusqu’à celui de Port-Saïd en Égypte, place le Maroc dans une zone charnière entre régulation environnementale stricte et routes alternatives autour du continent africain.
Pour les exportateurs comme pour les importateurs, la conjoncture actuelle constitue un soulagement après plusieurs années de volatilité et de coûts élevés. Si les transporteurs tentent ponctuellement de relever les tarifs des groupages en amont des négociations annuelles, la tendance générale demeure orientée à la baisse, au grand bénéfice de la compétitivité du commerce extérieur marocain.
SOURCE : APA News/MK/ak/ac/-Rabat (Maroc)