Assimi Goita : « les récentes attaques des groupes armés terroristes traduisent leur désarroi « 

Dans un discours à la nation, à la veille du soixante-cinquième anniversaire de l’indépendance du Mali ce 22 septembre, le Général Assimi Goïta dont le pays fait l’objet d’attaques récurrentes ces derniers temps du JNIM, invite ses compatriotes à  »ne pas céder à la désinformation des groupes armés ».

En treillis militaire, un berret vert légèrement incliné sur la tête, Assimi Goïta est apparu à la télévision la mine austère comme d’habitude. Derrière lui, une bannière du 65eme anniversaire de l’indépendance, un drapeau malien et celui de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) comme décor.

Dans son allocution diffusée par la télévision publique, le chef de la junte a évoqué entre autres sujets, les attaques des groupes armées, la situation économique du pays, le dialogue national, la diversification des partenariats etc.

 

 

Réponse aux attaques récurrentes des groupes armés

Alors que les principaux axes routiers à l’ouest du pays font l’objet de récurrentes attaques des groupes armés qui cherchent à perturber l’approvisionnement de Bamako, Assimi Goïta estime dans son allocution que ces  »récentes attaques lâches des groupes armés terroristes contre des civils innocents, traduisent largement leur désarroi face à l’intensification de la pression des forces armées et de sécurité sur le terrain ».

Le chef de l’Etat malien invite d’ailleurs  »les populations à ne pas céder à la désinformation de ces groupes sans foi ni loi » et à  »rester unis et solidaires face à l’illusion des imposteurs et de leurs sponsors étatiques ».

Le JNIM a annoncé en début septembre la mise en place d’un blocus autour de Kayes, une région stratégique d’où passent les marchandises et carburant en provenance des ports de Dakar et de Nouakchott.

 »A travers le plan  »DOUGOUKOLOKO », (littéralement, la terre ferme retrouvée, en bambara) élaboré en 2024 » dit-il,  »nous avons pu davantage restaurer l’autorité de l’Etat et réaffirmer notre souveraineté sur toute l’étendue du territoire national ».

Assimi Goïta a par ailleurs annoncé  »la poursuite de l’acquisition d’équipements, la réalisation d’infrastructures indispensables, la consolidation des effectifs à travers des recrutements cycliques et la formation continue du personnel » militaire.

 »L’adaptation et la mise à jour de notre doctrine militaire nous permettent à la fois de faire face aux menaces émergentes et constituent également un gage d’interopérabilité avec les armées de la Confédération de l’Alliance des Etats du Sahel » a-t-il indiqué.

 »Notre ambition commune, est de disposer d’une armée autonome, capable d’assurer la défense souveraine du territoire national, de protéger les intérêts fondamentaux du Mali, de contribuer à la sécurité et à la stabilité régionales et internationales » a souligné le général Goïta.

Gestion des ressources minières

Les ressources minières qui font l’objet aussi de vives tensions entre le gouvernement et certaines entreprises étrangères ont été au cœur du discours du chef de la junte malienne.

Selon Goïta, le nouveau code minier, avec toutes les innovations qu’il apporte dans la gestion des ressources minérales a commencé à produire ses effets.

 »L’une des avancées majeures réside dans le lancement des travaux de la future raffinerie d’or du Mali en partenariat avec la Russie » a-t-il déclaré avant de souligner par ailleurs  »la poursuite des réformes pour améliorer le climat des affaires et accélérer la digitalisation dans le cadre de la stratégie nationale pour l’émergence et le développement durable 2023-2033 ».

D’après le chef de la junte, l’économie malienne fait preuve d’une grande capacité d’adaptation et de résilience malgré les contraintes sécuritaires et géopolitiques.

 »Une croissance positive de l’ordre de 6 % et un déficit budgétaire de -2,7 % sont attendus en 2025 » a-t-il indiqué.

Le Dialogue national

La célébration du 65ème anniversaire de l’indépendance a été l’occasion pour Assimi Goïta d’évoquer le dialogue national.

Il s’est réjoui de l’adoption de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, un document de référence pour  »la résolution durable des conflits dans notre pays par le dialogue et qui vise à consolider l’indépendance et la souveraineté nationales, à stabiliser le pays, à favoriser le retour de la paix, et à créer les conditions indispensables pour la relance économique et la bonne gouvernance ».

Selon lui, la détermination du gouvernement a permis des réalisations majeures dans le cadre de la consolidation de la paix et de la cohésion sociale.

AES et une diplomatie visant à diversifier les partenariats

 

 

Alors que la rupture est consommée avec la France, ancien partenaire stratégique du pays dans la lutte contre le terrorisme, Goïta qui s’est rapproché de la Russie a loué  »la diversification des partenariats qui constitue une initiative salutaire ».

Il a salué les efforts de la diplomatie malienne pour  »faire respecter, par un nombre croissant de partenaires, les principes constitutionnels qui guident l’action publique et la politique extérieure du Mali » estimant que son action s’inscrit dans le cadre de la  »préservation du bon voisinage tout en exigeant en retour le respect de sa souveraineté ».

 »Nous prenons à notre compte, les ruptures géopolitiques qui caractérisent le monde actuel » fait-il remarquer, soutenant que  »la mise en commun des efforts opérationnels face au terrorisme, l’opération AN SIGUIGNOGON a permis d’accentuer la coordination opérationnelle et sécuritaire avec les pays frères de l’AES ».

Kayes et le blocus du JNIM

La célébration de l’indépendance du Mali intervient dans un contexte sécuritaire tendu.

Plus de 80 camions-citernes transportant de l’essence en provenance du Sénégal ont été détruits le 14 septembre par des combattants du Jamaat Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM) liés à Al-Qaïda.

Le groupe armé a annoncé le 3 septembre qu’il coupait les villes de Kayes et Nioro-du-Sahel, qui comptent respectivement environ 130 000 et 50 000 habitants, dans le cadre d’une escalade drastique de ses activités dans le sud du Mali.

Des postes de contrôle ont été érigés sur les principales routes reliant Kayes (ouest) à la capitale Bamako, ainsi qu’à Dakar (Sénégal) et Nouakchott (Mauritanie), restreignant la circulation des marchandises et entrainant des extorsions de « taxes » aux commerçants.

 

Source:news.abidjan.net

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