Réunis à Luanda pour le 3ᵉ Sommet sur le financement des infrastructures en Afrique, plusieurs chefs d’État ont appelé à une mobilisation accrue des ressources africaines pour combler le déficit d’investissement estimé à plus de 100 milliards de dollars par an.
Le 3ᵉ Sommet sur le financement du développement des infrastructures en Afrique s’est ouvert mardi à Luanda, en Angola, en présence de plusieurs chefs d’État et de gouvernement africains ainsi que de hauts responsables de l’Union africaine. Organisé par l’Agence de développement de l’Union africaine (AUDA-NEPAD) et la Commission de l’Union africaine (CUA), en partenariat avec le gouvernement angolais, le sommet se tient du 28 au 31 octobre sous le thème « Capitaux, corridors, commerce : investir dans les infrastructures pour la ZLECAf et la prospérité partagée ». Dans l’optique d’accélérer la mise en œuvre du Programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA),
La cérémonie d’ouverture a été marquée par plusieurs interventions dont celles du président angolais João Lourenço, président en exercice de l’Union africaine, du président togolais Faure Essozimna Gnassingbé, du président de la Commission de l’UA Mahmoud Ali Youssouf.
En tant qu’hôte du sommet, João Lourenço a réaffirmé la priorité qu’il accorde aux infrastructures dans son mandat à la tête de l’Union africaine.
« Nous devons mobiliser toutes les ressources financières disponibles pour atteindre nos objectifs, qu’il s’agisse des routes, des chemins de fer, des ports, des lignes électriques ou des réseaux numériques », a-t-il déclaré.
Tout en soulignant que le déficit de financement dépasse 100 milliards de dollars par an. Le président angolais a appelé à une meilleure coordination des politiques nationales et régionales afin d’harmoniser les initiatives de financement et de concrétiser la vision d’une Afrique connectée et moderne.
Pour le président togolais Faure Essozimna Gnassingbé, l’Afrique doit désormais compter sur ses propres ressources pour bâtir son avenir économique.
« Notre continent dispose de fonds considérables dans nos compagnies d’assurance, nos fonds de pension et nos fonds souverains. Mais une grande partie de ce capital reste peu investie ou investie hors d’Afrique. Nous devons inverser cette logique », a-t-il insisté. Il a plaidé pour la consolidation des banques nationales de développement, la dynamisation des marchés de capitaux et la mise en place de mécanismes financiers régionaux capables de canaliser ces ressources vers les projets structurants du continent.
Le chef de l’État togolais a également insisté sur la nécessité de bâtir des infrastructures durables et inclusives.
« Construire, c’est bien. Mais construire mieux, c’est essentiel. Nos infrastructures doivent être durables, résilientes et adaptées aux défis climatiques », a-t-il affirmé. Avant d’ajouter que la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) ne deviendra une réalité économique que si les pays africains disposent d’infrastructures performantes et interconnectées.
De son côté, le président de la Commission de l’Union africaine, Mahmoud Ali Youssouf, a souligné que le financement des infrastructures représente « une question stratégique et non technique », appelant à la création d’un Pacte continental pour le financement recherché. Ce pacte, a-t-elle précisé, devrait s’articuler autour de trois axes : l’alignement des priorités nationales sur les corridors continentaux, la mobilisation du secteur privé africain et un meilleur accès aux financements climatiques mondiaux.
Le sommet de Luanda intervient dans un contexte où le continent cherche à combler un déficit de financement estimé à plus de 130 milliards de dollars par an et à mobiliser 1 300 milliards de dollars pour la mise en œuvre du Plan directeur continental des systèmes électriques (CMP) d’ici 2040. Des projets tels que le corridor de Lobito, le LAPSSET et la route Dakar-Bamako-Djibouti ont été présentés comme des modèles intégrés liant infrastructures, commerce et industrialisation.
Les travaux du sommet permettront également d’aborder les questions liées à l’énergie, aux infrastructures numériques, à la gestion durable de l’eau et au financement climatique. Avec plus de 70 milliards de dollars disponibles chaque année dans les fonds souverains et de pension africains, les dirigeants entendent faire de cette rencontre un tournant pour la mobilisation des capitaux nationaux.
« L’Afrique doit investir en elle-même et parler d’une seule voix sur la scène mondiale », a conclu João Lourenço, résumant l’esprit de ce sommet qui ambitionne de placer le continent sur la voie d’un financement autonome, durable et inclusif de ses infrastructures.
SOURCE : APA NEWS /AC/Sf/-Luanda (Angola)