Algérie–Tunisie : rapprochement militaire sous surveillance

 

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a reçu, mardi à Alger, le ministre tunisien de la Défense, Khaled Sehili, accompagné d’une délégation officielle, autour d’un accord de défense qui interroge sur la dépendance stratégique tunisienne vis-à-vis de l’Algérie.

L’entretien entre Tebboune et le ministre tunisien de la Défense, en présence du chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP), le général d’armée Saïd Chanegriha, s’est conclu par la signature d’un accord intergouvernemental de coopération militaire entre les deux pays. Un partenariat présenté comme « stratégique », mais qui suscite des interrogations sur le déséquilibre croissant entre Alger et Tunis dans la gestion de la sécurité régionale.

Selon un communiqué officiel, les discussions ont porté sur la coordination face aux « menaces transfrontalières » et sur la nécessité d’une « concertation permanente ». Le général Chanegriha a insisté sur le caractère « exceptionnel » des relations bilatérales et sur la volonté de l’Algérie de « renforcer la coopération dans tous les domaines de la défense ». De son côté, le ministre tunisien a salué la « solidarité constante » d’Alger, sans préciser la portée réelle de l’accord signé.

Ce nouvel accord de défense, dont les détails n’ont pas été rendus publics, s’inscrit dans la continuité d’une relation où l’Algérie tend à imposer son rythme. Depuis plusieurs mois, Alger multiplie les gestes d’influence vis-à-vis de Tunis : livraisons d’équipements, coopération sécuritaire renforcée et échanges d’informations dans les zones frontalières. Cette dynamique conforte la position dominante de l’armée algérienne au Maghreb central, mais accentue la dépendance militaire tunisienne dans un contexte de fragilité institutionnelle et économique à Tunis.

La visite de Khaled Sehili intervient d’ailleurs alors que la Tunisie cherche à diversifier ses partenariats, notamment avec l’Italie et les États-Unis, pour réduire sa vulnérabilité stratégique. Cependant, la montée en puissance de la coopération avec Alger pourrait limiter sa marge de manœuvre, notamment sur les questions de sécurité régionale, où la ligne algérienne s’impose de plus en plus comme référence unique.

L’Algérie cherche à consolider un axe sécuritaire maghrébin sous sa houlette, dans un contexte où les équilibres régionaux se recomposent. En affichant un partenariat militaire étroit avec Tunis, Alger envoie un signal à ses voisins et partenaires, notamment au Maroc et à la France, qu’elle entend demeurer la puissance militaire incontournable du Maghreb. Pour la Tunisie, ce rapprochement a des allures de nécessité plutôt que de choix stratégique, dans un climat de crise économique et d’isolement diplomatique relatif.

SOURCE : APA News/Sf/-Alger (Algérie)

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