Alger relance en urgence les importations de lait en poudre

Au-delà du lait en poudre qui fait l’objet dune relance urgente des importations en Algérie, d’autres produits de première nécessité connaissent régulièrement des ruptures d’approvisionnement, signe d’une fragilité systémique.

Face à la raréfaction du lait en poudre qui a exacerbé les tensions de ces derniers mois, le gouvernement algérien a finalement levé son gel sur les importations. Fin août, des dérogations ont été accordées au secteur privé, permettant à la laiterie Soummam, lourdement fragilisée, de commander 40 000 tonnes de matière première. Une décision prise dans l’urgence, alors que les pénuries alimentaires deviennent un révélateur des crises structurelles du pays.

Depuis le début de l’année, la disponibilité du lait subventionné s’est dégradée dans plusieurs régions, alimentant le marché noir et provoquant des files d’attente devant les points de vente. La suspension prolongée des licences d’importation, décidée au nom de la régulation du commerce extérieur, a étouffé les industriels privés. Les plus fragiles se sont retrouvés au bord de la cessation d’activité, accentuant la dépendance du pays aux rares opérateurs publics.

Ce rétropédalage du gouvernement illustre la difficulté des autorités à gérer les équilibres sociaux dans un climat déjà marqué par une inflation galopante, la montée du chômage et la baisse du pouvoir d’achat. Dans les grandes villes comme Alger, Oran ou Constantine, la frustration des consommateurs s’est accrue, au point de devenir un sujet sensible pour l’exécutif.

Mais la crise du lait n’est que la partie émergée d’un malaise plus profond. Depuis plusieurs années, l’Algérie multiplie les ruptures d’approvisionnement sur des produits de base tels que l’huile, la semoule ou encore les médicaments. Ces épisodes récurrents révèlent l’absence de réformes structurelles, qu’il s’agisse de l’agriculture, du système de subventions ou du modèle industriel national.

Si la commande de 40 000 tonnes par Soummam permet de desserrer provisoirement l’étau, les économistes soulignent que le pays demeure prisonnier d’une dépendance extérieure chronique. Dans un contexte d’incertitudes budgétaires liées à la volatilité des prix des hydrocarbures – principale source de revenus de l’État – l’équilibre social reste précaire.

De nombreux observateurs estiment que la récurrence de ces pénuries pourrait, à terme, amplifier la défiance populaire et provoquer de nouvelles secousses politiques.

MK/ac/Sf/APA

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Source:https://fr.apanews.net/news
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