Afrique centrale : progrès politiques, risques sécuritaires (ONU)

Malgré des avancées institutionnelles notables au Tchad, au Gabon et à São Tomé-et-Príncipe, la stabilité de l’Afrique centrale reste menacée par l’insécurité, la désinformation et les crises humanitaires, a alerté lundi un haut responsable onusien devant le Conseil de sécurité.

« L’Afrique centrale fait face à des défis considérables, bien qu’elle reste et demeure une région pleine de potentialités et de ressources », a indiqué Abdou Abarry, représentant spécial du secrétaire général de l’ONU et chef du Bureau régional pour l’Afrique centrale (UNOCA), lors d’un exposé devant le Conseil de sécurité.

Par visioconférence, le diplomate d’origine nigérienne a salué la fin de la transition politique au Tchad ainsi que les avancées au Gabon vers un retour à l’ordre constitutionnel. Il a toutefois souligné l’urgence, pour les autorités nouvellement élues, de traduire ces transitions en réformes concrètes.

Des progrès en matière d’inclusion politique ont également été enregistrés. Au Tchad, les femmes représentent désormais 34 % de l’Assemblée nationale et 36,2 % du Sénat. Au Gabon, un quota de 30 % pour les femmes dans les fonctions électives est en vigueur, avec un tiers des ministères dirigés par des femmes. M. Abarry a également salué la dynamique réformatrice en cours à São Tomé-et-Príncipe, citant les efforts dans les secteurs de la justice, de la sécurité et de la prévention des conflits.

Dans le contexte d’élections à venir dans plusieurs pays – dont le Cameroun, le Burundi et la République centrafricaine – le diplomate onusien a insisté sur la nécessité d’un espace politique ouvert. Il s’est dit préoccupé par la montée de la désinformation, notant que 65 % des contenus politiques partagés sur les réseaux sociaux au Cameroun entre janvier et avril 2025 étaient faux ou manipulés.

Sur le plan sécuritaire, deux foyers de tension majeurs demeurent : le bassin du Lac Tchad et la région des Grands Lacs. Au Cameroun, des drones explosifs ont causé la mort de 19 soldats en mars dernier, illustrant l’adaptabilité des groupes armés comme Boko Haram. M. Abarry a regretté le retrait du Niger de la Force multinationale mixte et plaidé pour sa préservation.

En ce qui concerne la région des Grands Lacs, les tensions persistantes entre la République démocratique du Congo, le Rwanda et le Burundi restent une source d’inquiétude. Le différend autour de la présidence tournante de la CEEAC, différée au Rwanda lors d’un sommet à Malabo, a provoqué le retrait de la délégation rwandaise.

Sur le front humanitaire, le chef de l’UNOCA a tiré la sonnette d’alarme : le plan d’aide 2025 pour le Tchad n’est financé qu’à hauteur de 9,3 %, alors que le conflit au Soudan continue de provoquer un afflux massif de réfugiés.

Enfin, il a salué l’attachement des Etats d’Afrique centrale au multilatéralisme, illustré notamment par le recours à la Cour internationale de justice par le Gabon et la Guinée équatoriale pour régler leur différend frontalier, et par les mandats assumés par l’Angola et le Cameroun à la tête d’instances régionales et internationales.

ODL/Sf/ac/APA

 

Source: APANEWS

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