Addis-Abeba accuse l’Érythrée de «se préparer activement à une guerre»

 

L’Éthiopie a accusé mercredi son voisin érythréen, ainsi qu’une faction du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), de financer et d’armer des groupes rebelles en vue de déstabiliser le pays. Addis-Abeba estime que l’Érythrée « se prépare activement à une guerre » contre elle.

Dans une lettre adressée au secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, datée du 2 octobre, le ministère éthiopien des Affaires étrangères accuse Asmara et « une faction extrémiste du TPLF » de « financer, mobiliser et diriger » des groupes armés dans la région Amhara, où l’armée fédérale affronte depuis plusieurs années des insurrections locales. « La collusion entre le gouvernement érythréen et le TPLF est devenue plus évidente ces derniers mois », écrit le ministère, dénonçant des « activités visant à fragmenter l’Éthiopie ».

Ni le ministre érythréen de l’Information, Yemane Ghebremeskel, ni le TPLF n’ont réagi à ces accusations. Les relations entre les deux voisins de la Corne de l’Afrique sont de nouveau à un point de tension critique, après plusieurs années d’alternance entre rapprochement diplomatique et hostilité ouverte.

L’Érythrée, indépendante depuis 1993, a combattu l’Éthiopie entre 1998 et 2000 lors d’une guerre frontalière ayant fait plusieurs dizaines de milliers de morts. Un accord de paix conclu en 2018 entre Abiy Ahmed et Issaias Afeworki avait brièvement rétabli la confiance entre les deux pays, valant au Premier ministre éthiopien le prix Nobel de la paix. Mais les relations se sont à nouveau dégradées après la guerre du Tigré (2020–2022), à laquelle l’armée érythréenne avait participé aux côtés des forces fédérales éthiopiennes.

Depuis la fin du conflit, Addis-Abeba accuse Asmara de s’ingérer dans ses affaires internes, tandis que l’Érythrée soupçonne l’Éthiopie de vouloir reprendre un accès à la mer Rouge par le port d’Assab. « Le gouvernement érythréen doit respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Éthiopie et s’abstenir de toute ingérence », a déclaré le ministre éthiopien des Affaires étrangères, Gedion Timothewos, dans sa lettre à l’ONU.

L’Érythrée a qualifié par le passé ces accusations de « fausses allégations » et appelé la communauté internationale à faire pression sur Addis-Abeba. Son rapprochement récent avec l’Égypte, également en désaccord avec l’Éthiopie sur le barrage de la Renaissance, accentue les inquiétudes régionales sur une possible escalade dans la Corne de l’Afrique.

SOURCE : /ak/ac/Sf/Addis Abeba ( Ethiopie)

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