Algérie : un nouveau statut des enseignants, malgré les tensions

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Le ministère algérien de l’Éducation nationale a dévoilé une première version du nouveau statut du personnel éducatif, une annonce attendue dans un climat scolaire extrêmement tendu, marqué par des protestations continues depuis le début de l’année.

Le ministère de l’Éducation nationale a présenté dimanche la première mouture des amendements du statut particulier du personnel éducatif, à l’issue d’une réunion très suivie entre le ministre Mohamed Sghir Saâdoui et les représentants syndicaux algériens. Cette annonce intervient alors que le secteur traverse l’une de ses plus fortes périodes de crispation depuis plusieurs années, conséquence directe du décret exécutif 25-54 publié le 21 janvier 2025, qui avait déclenché des grèves successives et une mobilisation persistante des enseignants dans tout le pays.

Au cœur d’un climat scolaire encore fragile, certaines avancées du projet de statut sont accueillies positivement, notamment le retour aux anciennes appellations d’« enseignant principal » et d’« enseignant formateur », en lieu et place des grades de première et deuxième classe largement contestés. Les syndicats saluent un geste symbolique destiné à restaurer la dignité professionnelle, alors que la démotivation et le sentiment de déclassement dominent encore dans les établissements.

Le texte clarifie également le déroulement de carrière : un principal pourra accéder au grade de formateur après quinze ans d’ancienneté, et un formateur pourra devenir « enseignant distingué » selon la même durée, avec des dispositions allégées pour le Sud et le Grand Sud.

La réforme tente également d’apaiser les tensions liées à la mobilité forcée, source de nombreuses contestations. Le ministère s’engage à mettre fin aux affectations temporaires, un point considéré comme crucial pour stabiliser le personnel dans une période où les enseignants dénoncent une surcharge de travail et un manque chronique de moyens.

Les postes adaptés seront généralisés pour les agents ayant des contraintes médicales ou sociales, tandis que les nouvelles recrues ne seront plus obligées d’intégrer les mouvements annuels avant deux ans de service.

Sur le volet disciplinaire, les autorités veulent redonner de l’autorité aux équipes éducatives tout en simplifiant les procédures. Le projet propose d’accorder aux enseignants et aux conseillers d’éducation des outils juridiques plus clairs pour gérer les situations conflictuelles, dans un contexte où la dégradation du climat scolaire et la multiplication d’incidents violents alimentent les inquiétudes. Plusieurs fautes professionnelles du 4ᵉ degré seront supprimées, notamment celles portant sur de simples écarts verbaux, dans le but de réduire la pression administrative ressentie par le personnel.

La réorganisation des services économiques constitue une autre évolution notable, avec le retour des grades de gestionnaire, conseiller et adjoint gestionnaire, ainsi qu’une hiérarchie clarifiée pour les inspecteurs. Une nouvelle catégorie, « inspecteur principal », fait son apparition, tandis que les dénominations actuelles évolueront vers « inspecteur principal » ou « inspecteur en chef ». Le texte prévoit également l’élargissement de la vacation de mobilité professionnelle à l’ensemble des employés, une revendication de longue date.

Si les syndicats reconnaissent des avancées structurelles, ils rappellent que le contexte demeure explosif. Plusieurs fédérations affirment attendre des garanties sur l’application concrète de ces mesures et sur les conditions de travail, pointant un malaise profond dans les écoles et une perte de confiance vis-à-vis de l’administration centrale.

Le ministère promet de poursuivre les consultations, mais la base syndicale prévient : sans améliorations rapides et tangibles, la contestation pourrait reprendre de plus belle dans les prochaines semaines.

SOURCE : APA News/MK/AK/Sf/Alger (Algérie)

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