Algérie : le FMI avertit sur les politiques budgétaires

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Le Fonds monétaire international (FMI) a publié son rapport annuel sur l’économie algérienne, à l’issue des consultations au titre de l’article IV. S’il salue certaines mesures prises par les autorités et note une reprise conjoncturelle, l’institution internationale souligne surtout la vulnérabilité persistante d’un modèle encore largement dépendant de la rente pétrolière et gazière.

La croissance du PIB réel a atteint 3,6 % en 2024, contre 4,1 % en 2023, avant de ralentir à 3,4 % en 2025 selon les prévisions du FMI concernant l’Algérie. Ces performances, supérieures à la moyenne mondiale, masquent toutefois la fragilité d’une économie où la moindre variation des prix des hydrocarbures entraîne des déséquilibres immédiats. Le FMI rappelle que la chute des cours de 2014 avait déjà provoqué une crise budgétaire sévère, obligeant Alger à puiser massivement dans ses réserves de change.

Aujourd’hui encore, la situation reste préoccupante. Si les réserves de change demeurent solides à court terme, la baisse des recettes des hydrocarbures conjuguée à une hausse continue des dépenses publiques a creusé un déficit budgétaire jugé « préoccupant ». L’institution prévient que sans « mesures énergiques » de rationalisation des dépenses et d’accroissement des recettes hors hydrocarbures, ce déficit restera structurel. Elle insiste notamment sur la réforme des subventions énergétiques, qui pèsent lourdement sur les finances publiques mais constituent un sujet social explosif, comme l’ont montré les protestations des dernières années.

Sur le front monétaire, le FMI note un recul de l’inflation à 4,4 % en 2024, contre 7,1 % en 2023, grâce à la baisse des prix alimentaires. Mais il alerte sur la persistance de risques liés aux chocs externes, tels que la guerre en Ukraine ou les sécheresses récurrentes. Une flexibilité accrue du taux de change du dinar est recommandée pour absorber ces chocs, une orientation que les autorités hésitent encore à adopter pleinement.

L’institution internationale reconnaît certains progrès, comme les efforts de supervision bancaire, la lutte contre le blanchiment d’argent ou les initiatives de diversification économique. Toutefois, elle estime que ces réformes restent timides et peinent à libérer le potentiel du secteur privé, toujours entravé par la bureaucratie et le poids des entreprises publiques.

En creux, le rapport du FMI adresse un avertissement : sans réformes structurelles profondes et rapides, l’Algérie risque de reproduire le scénario des années 2014–2016, lorsque la chute du baril avait mis à nu les limites d’une économie dépendante des hydrocarbures et peu diversifiée. Derrière les éloges prudents, le message reste clair : le temps des ajustements différés est compté.

SOURCE:APANews/APA-Alger (Algérie)

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