L’Algérie a lancé commercialement la 5G, une entrée « sur l’orbite mondiale du numérique » qui contraste avec l’état réel de ses infrastructures, alors que le pays s’inspire largement du modèle marocain engagé depuis des années en vue de la CAN 2025 et du Mondial 2030.
Le ministre algérien de la Poste et des Télécommunications, Sid Ali Zerrouki, a donné mercredi, depuis le Centre international de conférences d’Alger, le coup d’envoi officiel de la 5G. Une cérémonie solennelle censée symboliser l’entrée du pays dans la « modernité numérique », malgré des débits souvent capricieux, un réseau 4G encore inégal et des services digitaux publics régulièrement hors-service.
L’événement intervient plusieurs années après que le Maroc a lancé sa stratégie d’infrastructures digitales — fibre, data centers, backbone national — pour préparer de grands rendez-vous internationaux comme la CAN 2025 et la Coupe du monde 2030.
L’Algérie assure pourtant ne souffrir « d’aucun retard » dans le déploiement mondial de la technologie. Les licences 5G ont été attribuées en juillet aux opérateurs Mobilis, Ooredoo et Djezzy, pour des montants compris entre 20,7 et 22,19 milliards de dinars, avant la publication officielle des décrets exécutifs au Journal officiel en novembre. Cette séquence administrative permet enfin aux opérateurs de commercialiser la 5G, qui sera déployée progressivement au fur et à mesure que les infrastructures suivront ou seront construites.
Selon le discours officiel, la 5G doit répondre aux ambitions industrielles du pays : faible latence, connectivité élargie, capacité à accompagner la domotique, les technologies M2M et, à terme, l’industrie 4.0. Un programme ambitieux, lorsque l’on sait que de larges portions du territoire restent difficilement couvertes, que les coupures internet sont régulières et que la qualité de service demeure très variable. L’écart reste frappant avec le Maroc, qui a depuis plusieurs années massivement investi dans les réseaux très haut débit, les corridors fibre, les infrastructures cloud et les usages numériques dans la santé, l’éducation et les services publics.
Les opérateurs algériens promettent néanmoins une « transformation numérique » renforcée et une connectivité innovante. Mobilis occupe la première place en termes de redevance 5G, suivi de près par Ooredoo et Djezzy. Les trois acteurs misent sur cette technologie pour améliorer la communication et offrir un internet plus fiable au grand public — pour peu que celui-ci dispose d’un smartphone compatible et surtout d’une couverture effective.
Alger dit ainsi entrer dans le « monde de la 5G ». Mais cette entrée, célébrée en grande pompe, semble surtout marquer le début d’un long rattrapage, dans un environnement où les infrastructures, la gouvernance numérique et les usages connectés restent encore en construction. Une dynamique que le voisin marocain, déjà engagé depuis près d’une décennie, a anticipée avec une ampleur nettement plus cohérente.
SOURCE : APA News/MK/ac/Sf/Alger (Algérie)