Afrique : l’Union Africaine appel à un nouvel ordre financier mondial

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Trois jours d’intenses discussions, de joutes diplomatiques et d’alliances politiques viennent de prendre fin à Lomé. Le 14 mai 2025, la première Conférence de l’Union africaine sur la dette s’est achevée par une déclaration ferme et inédite : le continent n’est plus disposé à jouer selon des règles financières qui le condamnent à l’étouffement. Réunis autour du thème « Agenda africain de gestion de la dette publique : restaurer et préserver la viabilité de la dette », chefs d’État, ministres des Finances, gouverneurs de banques centrales et experts institutionnels ont tiré une alerte collective. Plus d’un tiers des pays africains sont aujourd’hui piégés dans un engrenage d’endettement insoutenable, avec des conséquences déjà visibles : déséquilibres budgétaires chroniques, investissements publics en berne, tensions sociales croissantes.

La Déclaration de Lomé, adoptée à l’unanimité, se veut une rupture assumée. L’Afrique réclame une révision du Cadre commun du G20, dénoncé comme inadapté et opaque. Transparence dans les processus de restructuration, coordination entre créanciers, suspension systématique du service de la dette en période de négociation, et surtout, reconnaissance de l’annulation partielle ou totale des dettes comme un instrument de justice économique : les lignes sont claires.


« Le cadre commun du G20. On en a parlé. On a demandé une réforme profonde en termes d’inclusion, en termes d’accélération des processus d’adhésion et en termes de facilitation de l’accès au financement et à la réduction de l’endettement des pays africains. Vous voyez donc que le contexte est tout à fait bien placé. Nous partons de Lomé avec une note de satisfaction élevée. »

Patrick Ndzana Olomo Directeur du Développement économique, de l’Intégration, CUA – Gabon

La conférence a aussi mis en lumière les chantiers internes. Car si le combat est mondial, il exige une rigueur domestique : discipline budgétaire, transparence, lutte contre les flux financiers illicites estimés à 90 milliards de dollars par an , professionnalisation des gestions de dette.

À ce titre, l’accélération du Mécanisme Africain de Stabilité Financière et la mise en service de l’Agence Panafricaine de Notation de Crédit sont présentées comme des réponses concrètes pour desserrer l’emprise des agences occidentales et concevoir des solutions sur mesure.


« Nous avons les ressources internes, nous avons les ressources du sous-sol. Il nous reste à régler cette question de l’architecture financière internationale pour que nous puissions inverser la tendance sur le plan mondial.»

Georges BarcolaMinistre de l’Économie et des Finances  – Togo

Sur les bancs de l’Union africaine, un objectif anime les esprits : atteindre une croissance durable de 7 à 10 % par an au cours des prochaines décennies. Pour y parvenir, deux combats sont jugés indissociables : le climat et la dette. Le continent, victime directe du changement climatique, perd jusqu’à 5 % de croissance chaque année. Or, il ne reçoit que 3 % des financements climatiques mondiaux promis. Une aberration dénoncée à Lomé. Autre pilier mis sur la table : la création effective de l’Institut Monétaire Africain, attendu depuis deux décennies, qui incarnerait une avancée vers une souveraineté monétaire concertée. Mais c’est à l’échelle globale que l’Union africaine place désormais ses espoirs : une Convention-cadre des Nations Unies sur la dette souveraine est appelée de ses vœux.

Source: africatv.com

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