Face à une conjoncture climatique défavorable et à la persistance des tensions régionales, l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) tire la sonnette d’alarme sur la sécurité alimentaire en Afrique du Nord. Dans son rapport trimestriel Crop Prospects and Food Situation, publié mercredi, l’agence onusienne estime que 41 pays nécessitent une aide alimentaire d’urgence, dont 31 en Afrique. Si la sous-région nord-africaine reste globalement stable, les disparités entre pays sont marquées, notamment entre le Maroc et l’Algérie.
Selon la FAO, les conditions météorologiques sèches prévues entre octobre et décembre 2025 devraient limiter les semis de céréales d’hiver, en particulier dans les zones pluviales du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie. Toutefois, les estimations pour 2025 placent la production céréalière nord-africaine à 34,8 millions de tonnes, un niveau proche de la moyenne des cinq dernières années. Derrière ce chiffre global, les performances nationales divergent.
Alors que le Maroc fait face à une campagne céréalière affectée par une sécheresse prolongée, les autorités ont su préserver la stabilité du marché intérieur grâce à une politique proactive de gestion des importations et de soutien aux prix. La production nationale est estimée à 4,5 millions de tonnes, soit 13 % en dessous de la moyenne quinquennale. Selon la FAO, Rabat a réussi à contenir l’impact sur le pouvoir d’achat grâce à la baisse des cours internationaux et à la stabilité du dirham, permettant même la suspension temporaire du dispositif de subventions à l’importation.
À l’inverse, l’Algérie affiche une hausse apparente de sa production (4,2 millions de tonnes, +12 %), mais cette progression demeure fragile. Les observateurs soulignent la dépendance du pays à des importations massives et à des aides publiques coûteuses. Malgré l’amélioration ponctuelle des précipitations, l’économie agricole algérienne reste grevée par le manque d’investissement structurel, une gouvernance centralisée et l’absence de stratégie durable face au stress hydrique.
En matière d’inflation alimentaire, le contraste est tout aussi saisissant. Le Maroc maintient une stabilité remarquable, avec une hausse limitée à 0,2 % depuis avril 2025, tandis que l’Algérie subit encore des distorsions liées à la volatilité des prix et aux restrictions commerciales. En Égypte et en Tunisie, les hausses de prix restent sensibles, en particulier sur les produits carnés et les légumes.
Enfin, le rapport de la FAO met en garde contre les effets collatéraux du conflit au Soudan sur les pays voisins. L’Égypte accueille désormais plus de 1,5 million de réfugiés, tandis que la Libye pourrait en compter plus d’un demi-million d’ici la fin de l’année. Ces flux accentuent la pression sur les systèmes alimentaires déjà fragiles de la région.
La FAO recommande la poursuite des programmes d’aide humanitaire et la mise en œuvre de politiques agricoles durables. Dans ce contexte, le Maroc apparaît comme l’un des rares pays à avoir anticipé les risques climatiques et à maintenir une stabilité macro-économique et sociale, là où l’Algérie reste exposée à une dépendance croissante vis-à-vis des importations et des fluctuations internationales.
SOURCE : APA News/MK/ac/Rabat (Maroc)