Responsables de fondations, décideurs politiques, représentants d’organisations internationales et acteurs de la diaspora se sont réunis lundi dans la capitale sénégalaise pour réfléchir aux moyens de rendre plus efficace et durable l’engagement philanthropique en faveur de l’égalité des sexes en Afrique de l’ouest.
La Conférence ouest-africaine sur la philanthropie durable pour l’égalité des sexes (GEWE) s’est ouverte ce 2 juin à Dakar. Prévue sur deux jours, elle a mis en lumière ce lundi le rôle transformateur que peuvent jouer les ressources issues de la philanthropie locale et de la diaspora dans l’autonomisation des femmes.
« Ensemble, nous pouvons construire un avenir où l’égalité de genre n’est pas une distance, mais une réalité », a déclaré Dr Maxime Houinato, directeur régional de ONU Femmes pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.
Il a souligné l’urgence de « lever toutes les barrières » entravant la pleine participation des femmes à l’économie, notamment dans les secteurs stratégiques comme l’économie verte. Selon lui, les femmes utilisent prioritairement les fonds qu’elles reçoivent pour le bien-être familial, ce qui renforce l’impact social des transferts de fonds et des initiatives philanthropiques.
Dr Catherine Chinedum, directrice régionale de la Fondation Ford pour l’Afrique de l’Ouest, a rappelé que les transferts de fonds de la diaspora représentent « sept fois le volume de l’aide publique au développement » vers l’Afrique. « C’est l’occasion d’innover », a-t-elle lancé, plaidant pour une meilleure compréhension du fonctionnement des sociétés civiles africaines par les acteurs internationaux. Elle a aussi mis en exergue la nécessité d’établir un climat de confiance, notamment entre gouvernements et bailleurs, afin de garantir des réformes durables.
Intervenant au nom du gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), Ndèye Amy Ngom Seck, conseillère du directeur national pour le Sénégal, a présenté les efforts de l’institution pour promouvoir l’inclusion financière. Elle a rappelé l’adoption récente d’une nouvelle stratégie ciblant spécifiquement les femmes.
« Les transferts de fonds représentent une masse importante, avec plus de 1842 milliards FCFA injectés au Sénégal en 2023 », a-t-elle indiqué, soulignant le potentiel de ces flux pour soutenir l’autonomisation économique des femmes dans la région.
Par ailleurs, un panel consacré aux perspectives de la philanthropie au-delà de l’aide traditionnelle a permis d’approfondir les discussions sur les stratégies de durabilité.
Elisa Desbordes, PDG de la Fondation Ecobank, a plaidé pour des « approches plus locales et africaines » de la philanthropie, insistant sur le fait que la question du genre doit être abordée différemment selon les contextes nationaux.
Kole A. Shettima, directeur du bureau nigérian de la Fondation MacArthur, a pour sa part mis l’accent sur la réforme des systèmes juridiques nationaux, estimant que certaines lois ou leur interprétation actuelle pénalisent encore les femmes. Sa fondation soutient également les femmes souhaitant briguer des mandats politiques.
Enfin, Somachi Chris-Asoluka, patronne de la Fondation Tony Elumelu, a indiqué que leur programme a soutenu plus de 21 000 femmes entrepreneures depuis 2015. Elle a appelé à une implication accrue du secteur privé pour renforcer les mécanismes de financement de l’entrepreneuriat féminin en Afrique.
Dans une région confrontée à de nombreux défis structurels – pauvreté, changement climatique, sous-représentation des femmes dans les sphères de décision – les intervenants ont appelé à une philanthropie plus inclusive, stratégique et ancrée dans les réalités locales, afin de faire de l’égalité des sexes une réalité tangible.
ODL/te/Sf/APA
Source: APANEWS