ONU : Duarte appelle à un changement profond de mentalité

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La Conseillère spéciale des Nations Unies pour l’Afrique, Manuel Elias Cristina Duarte, estime que le principal défi du continent africain réside dans la nécessité d’un changement profond de mentalité.

Elle s’est exprimée dans un entretien accordé à ONU Info, à l’issue de la Conférence académique 2025 sur l’Afrique, tenue récemment au siège des Nations Unies. Réunissant universitaires, responsables politiques et acteurs de la société civile africaine, cette rencontre a permis d’analyser les raisons du malaise ressenti par de nombreux Africains face à la trajectoire de leurs pays, ainsi que les leviers nécessaires pour positionner l’Afrique dans un ordre mondial en mutation.

Selon Cristina Duarte, trois enseignements majeurs se dégagent. Le premier est la nécessité de reconnaître que l’Afrique fait face avant tout à un problème de mentalité. « Une fois que nous aurons valorisé le savoir africain comme base du développement, tout le reste suivra », a-t-elle affirmé. Le deuxième enseignement concerne les défis persistants de la construction nationale et étatique, malgré plusieurs décennies d’indépendance. Enfin, elle souligne l’urgence pour le continent de mieux maîtriser ses ressources économiques et financières.

La Conseillère spéciale des Nations Unies a insisté sur le fait que l’endettement africain est davantage lié à une mauvaise gestion des flux financiers qu’à une absence de richesses. Elle a rappelé que l’Afrique perd environ 1,4 milliard de dollars par jour, soit près de 500 milliards de dollars par an, en raison de fuites de capitaux et d’inefficacités structurelles, alors que l’aide publique au développement ne représente qu’une fraction de ces pertes.

Cristina Duarte plaide ainsi pour une refonte du modèle de développement africain, fondée sur la mobilisation des ressources internes plutôt que sur la dépendance à l’aide extérieure. Cette approche suppose, selon elle, une meilleure utilisation des ressources existantes, sans alourdir la pression fiscale sur les populations.

Abordant la question des transferts de fonds de la diaspora, estimés à plus de 100 milliards de dollars par an, elle a dénoncé leur classification erronée comme flux extérieurs. Pour la responsable onusienne, ces ressources doivent être considérées comme des financements internes et intégrées aux stratégies nationales de développement.

S’agissant de la jeunesse africaine, qui représente plus de 60 % de la population du continent, Cristina Duarte a estimé que ce potentiel demeure largement sous-exploité. Elle a relevé que plus de 85 % des jeunes travaillent dans le secteur informel, appelant à des investissements massifs dans les secteurs productifs et dans les filières scientifiques et technologiques, afin de créer des emplois décents et durables.

Malgré les défis de gouvernance, la Conseillère spéciale des Nations Unies se dit optimiste pour l’avenir du continent. Elle rappelle qu’à l’horizon 2050, quatre jeunes sur cinq dans le monde seront africains, un atout démographique majeur. Elle invite par ailleurs à repenser les modèles démocratiques en s’appuyant sur les traditions africaines de consensus et de participation, afin de bâtir une gouvernance mieux adaptée aux réalités du continent.

En conclusion, Cristina Duarte a appelé à un rapprochement entre décideurs politiques et universitaires africains autour d’un « contrat de partage des connaissances ». Selon elle, il est temps pour l’Afrique de se tourner vers ses propres ressources intellectuelles et culturelles afin de définir une vision de développement sur les 25 à 50 prochaines années.

SOURCE : APA News/RNK/ac/New York (Etats-Unis)

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