Article 32 algérien: la clarification qui révèle une double norme

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La clarification officielle d’Ahmed Attaf sur l’article 32 de la Constitution algérienne, intervenue après la déclaration d’indépendance symbolique de la Kabylie, révèle une lecture sélective du droit constitutionnel algérien, révélatrice de tensions politiques internes et de contradictions diplomatiques persistantes.

 

 

Le 14 décembre 2025 marque un tournant symbolique avec la proclamation d’indépendance de la Kabylie lors d’une cérémonie organisée à Paris par des représentants du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK). Quelques jours plus tard, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, publie un communiqué officiel consacré à l’interprétation de l’article 32 de la Constitution algérienne, censé clarifier la position de l’État face aux accusations de contradiction politique.

 

Selon ce texte, l’article 32, qui consacre la solidarité de l’Algérie avec les peuples en lutte pour leur autodétermination, ne s’appliquerait qu’à l’extérieur des frontières nationales et viserait exclusivement des situations étrangères.

 

Présentée comme une mise au point juridique, cette sortie officielle soulève pourtant de lourdes interrogations. En restreignant explicitement l’application de l’article 32 au champ extérieur, le pouvoir algérien reconnaît de facto que ce principe constitutionnel n’a pas vocation à s’appliquer aux dynamiques internes, même lorsque celles-ci se réclament du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Cette lecture restrictive tranche avec la formulation générale de l’article, qui ne distingue pas explicitement entre espaces interne et externe, mais affirme un principe universel de solidarité avec les peuples en lutte contre la domination.

 

Le communiqué met ainsi en évidence une double norme assumée. D’un côté, l’article 32 est mobilisé comme fondement politique et diplomatique pour soutenir un mouvement indépendantiste hors des frontières, en l’occurrence contre le Maroc.

 

De l’autre, toute revendication comparable à l’intérieur du territoire algérien, notamment en Kabylie, est systématiquement qualifiée de séparatiste, criminalisée et réprimée au nom de l’unité nationale et de la souveraineté de l’État. Cette dissociation entre discours externe et pratique interne fragilise la cohérence juridique de la position officielle.

 

Sur le plan politique, cette posture révèle une tension structurelle du régime algérien. En cherchant à sanctuariser la question de l’intégrité territoriale nationale tout en se posant en défenseur international du droit à l’autodétermination, l’État algérien s’expose à des accusations d’instrumentalisation du droit international à des fins géopolitiques. La sortie d’Ahmed Attaf, loin d’éteindre la polémique née de la déclaration kabyle, l’a ravivée en donnant corps à une lecture sélective de la Constitution.

 

Au final, ce communiqué, conçu pour renforcer la position diplomatique d’Alger, agit comme un révélateur. Il souligne les limites d’un discours qui revendique l’universalité des principes à l’extérieur tout en les niant à l’intérieur, au moment même où la question kabyle s’impose de nouveau comme un enjeu politique sensible et durable pour l’Algérie.

 

SOURCE : APA News/MK/Ak/Alger (Algérie)

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