L’ancien président béninois Thomas Boni Yayi a condamné lundi avec la dernière rigueur la tentative de coup d’État du 7 décembre, saluant le courage des forces de défense et de sécurité. Depuis sa retraite sanitaire, le président de la principale formation d’opposition Les Démocrates a adressé un message de solidarité au président Patrice Talon et appelé le peuple béninois au calme et à la sérénité.
L’ancien chef d’État béninois Thomas Boni Yayi, qui a dirigé le pays de 2006 à 2016, a pris la parole lundi pour condamner fermement la tentative de coup d’État survenue dimanche 7 décembre à Cotonou.
« Depuis ma retraite sanitaire évoquée il y a quelques mois et par le biais de la presse internationale, j’ai suivi avec tristesse et désolation les événements malheureux qui se sont abattus sur notre cher et beau pays », a déclaré Boni Yayi dans un message publié sur les pages officielles du parti Les Démocrates.
L’ancien président a révélé avoir rapidement réagi face à la crise. Alors que la situation était encore confuse dimanche, il a autorisé le Parti des Démocrates, principale formation politique d’opposition dont il est le président, à publier un communiqué condamnant la tentative de prise de pouvoir par les armes. Il a ensuite adressé un message personnel au président Patrice Talon pour lui témoigner sa solidarité ainsi qu’à sa famille et à la République.
« Dix ans durant, le Seigneur m’a fait la grâce de diriger ce pays dans la paix, la quiétude et le renforcement de nos valeurs républicaines », a rappelé Boni Yayi, soulignant que son attachement aux valeurs démocratiques constituait une conviction profonde. Selon lui, la dévolution du pouvoir d’État ne peut répondre qu’à un seul principe : celui des urnes, du peuple et d’élections libres, inclusives et transparentes.
« Je condamne, par conséquent, avec la dernière rigueur et avec fermeté cette attaque sanglante et ignoble que notre pays a connue ce dimanche 7 décembre 2025 », a-t-il martelé.
L’ancien dirigeant a exprimé sa reconnaissance aux forces de défense et de sécurité qui ont combattu pour préserver l’ordre constitutionnel. « Je voudrais, avec une reconnaissance patriotique, remercier nos forces de défense et de sécurité qui ont combattu le bon combat. Je voudrais saluer leur abnégation et leur courage », a-t-il déclaré.
Boni Yayi s’est incliné devant la mémoire des victimes, notamment l’épouse du général Bertin Bada tuée lors de l’attaque nocturne, et a présenté ses condoléances aux familles endeuillées. Il a appelé le peuple béninois au calme et à la sérénité, affirmant que la paix doit habiter les Béninois en tout temps et en tout lieu.
Maada Bio salue le retour au calme
De son côté, le président de l’Autorité des chefs d’État et de gouvernement de la Cédéao, Julius Maada Bio, a salué mardi le rétablissement du calme en République du Bénin.
« Le calme étant désormais revenu en République du Bénin, je salue le leadership du président Patrice Talon et le courage des forces armées qui ont déjoué la tentative de coup d’État militaire », a déclaré le dirigeant sierra-léonais dans un message officiel.
Le président en exercice de la Cédéao a remercié ses pairs pour leur réaction rapide. « En tant que président de l’Autorité de la Cédéao, je remercie sincèrement mes homologues chefs d’État pour leur solidarité indéfectible et leurs efforts collectifs en faveur du gouvernement et du peuple béninois dans la défense de la démocratie et de l’ordre constitutionnel », a-t-il ajouté.
Cette déclaration intervient 48 heures après que Maada Bio a ordonné dimanche le déploiement immédiat de la force régionale en attente composée de contingents du Nigéria, de la Sierra Leone, de la Côte d’Ivoire et du Ghana.
Une tentative de putsch meurtrière
La tentative de coup d’État du 7 décembre a été marquée par des violences qui ont coûté la vie à l’épouse du général Bertin Bada, directeur du cabinet militaire de la présidence. Le colonel Faïzou Gomina, commandant de la base de Togbin, et le général Abou Issa, chef d’état-major de l’Armée de terre, ont été pris en otage avant d’être libérés le 8 décembre à Tchaourou.
Les putschistes, après avoir été repoussés de la résidence présidentielle par la Garde républicaine, ont investi la télévision nationale où ils ont proclamé la destitution du président Talon et annoncé la création d’un Comité militaire pour la refondation (CMR) dirigé par le lieutenant-colonel Tigri Pascal, avant d’être délogés par les forces loyalistes.
Réfugiés à la base de Togbin avec des véhicules blindés, les rebelles ont été neutralisés par des frappes aériennes de précision menées par l’aviation nigériane. La base est désormais sous le contrôle de la force en attente de la Cédéao.
Le président Talon a convoqué lundi un Conseil des ministres extraordinaire qui a observé une minute de silence en mémoire des victimes et ordonné la poursuite des investigations. Il a exprimé sa gratitude aux forces armées et aux pays de la Cédéao mobilisés, en particulier le Nigéria et la Côte d’Ivoire.
Cette prise de position de Boni Yayi intervient dans un contexte de tensions politiques, le candidat de son parti Les Démocrates à la présidentielle d’avril 2026 ayant été écarté par le Conseil constitutionnel. La Cédéao et l’Union africaine ont condamné l’attaque contre les institutions béninoises.
SOURCE : APA News/AC/– Cotonou (Bénin)
