Algérie : Tebboune en quête de caution pluraliste pour une réforme verrouillée

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La rencontre entre Abdelmadjid Tebboune et Louisa Hanoune, comme celles qui l’ont précédée, illustre une constante de la vie politique algérienne : les réformes sont présentées comme inclusives, mais conçues à huis clos.

Les partis sont conviés, rarement entendus. Le pluralisme est invoqué, jamais appliqué.

Dans un rituel politique désormais bien rodé, Tebboune a reçu la secrétaire générale du Parti des travailleurs dans le cadre de ce que le pouvoir qualifie de large cycle de « consultations nationales ». Officiellement, il s’agit d’un dialogue ouvert avec les forces politiques. Officieusement, la démarche s’apparente davantage à une mise en scène visant à donner l’illusion d’un pluralisme actif, alors que l’essentiel des décisions reste centralisé, contrôlé et stérilisé politiquement.

Louisa Hanoune s’ajoute ainsi à la longue liste des acteurs soigneusement triés que le pouvoir a auditionnés tout au long de 2025. Des personnalités estampillées « opposition », mais uniquement dans les limites tolérées : candidats battus à la présidentielle, responsables de partis permis, quelques figures critiques triées sur le volet. Rien qui ne puisse perturber la façade d’ouverture que le régime cherche à entretenir.

Ces consultations paraissent d’autant plus convenues que les grandes réformes annoncées — loi sur les partis, loi électorale, codes communal et de wilaya — semblent déjà entièrement cadrées par le sommet de l’État. Le scénario est connu : annonces présidentielles, travail administratif verrouillé, puis validation automatique par un Parlement acquis.

Le conseiller politique Mustapha Saïdj coordonne les « rencontres techniques » avec les partis, censées alimenter les textes en préparation. Plusieurs formations assurent que leurs propositions ont été « bien accueillies ». Mais en Algérie, le processus d’inclusion suit un schéma immuable : on écoute, on rassure, puis on légifère sans s’écarter de la ligne fixée par la présidence.

Dans les faits, la participation des partis sert surtout à conférer une légitimité procédurale à une réforme déjà écrite, et à donner au pouvoir l’apparence d’un dialogue national qui n’existe pas.

À la sortie de son audience, Louisa Hanoune a évoqué un échange « franc », abordant les nouvelles wilayas ainsi que des questions économiques, sociales et internationales. Un discours constructif, presque optimiste, mettant en avant la volonté « d’améliorer les conditions de vie » et de « corriger les insuffisances ».

Ces éléments de langage s’inscrivent parfaitement dans le cadre défini par le pouvoir : une opposition critique mais docile, qui formule des réserves sans jamais remettre en cause la nature du système, la verticalité des décisions ou l’absence de contre-pouvoirs. Une opposition réduite à un rôle consultatif officieux dans un régime qui n’accepte la pluralité qu’à condition qu’elle soit encadrée, prévisible et dénuée de portée politique.

SOURCE : APA News/MK/te/Alger (Algérie)

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