Tunisie : redressement fragile face aux blocages structurels

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Après plusieurs années de déséquilibres budgétaires, la Tunisie a multiplié les négociations avec le FMI sans parvenir à un accord définitif. Les marges fiscales limitées et les tensions sociales freinent les réformes structurelles nécessaires pour consolider la croissance.

La Tunisie affiche les signes d’un redressement économique timide, mais ce sursaut reste fragile et inégal. Entre maîtrise de l’inflation et reprise sectorielle, le pays tente de consolider une trajectoire encore vulnérable, selon les dernières données officielles publiées à Tunis. Derrière les chiffres encourageants se profilent toutefois des défis structurels persistants : chômage élevé, disparités régionales et lenteur des réformes.

La croissance du produit intérieur brut (PIB) tunisien a atteint 3,2 % au deuxième trimestre 2025, contre 1,4 % l’année précédente, portée par la reprise de l’agriculture, du tourisme et des industries manufacturières, d’après le ministère de l’Économie et de la Planification. La Banque centrale de Tunisie (BCT) a, pour sa part, abaissé son taux directeur à 7,5 %, afin de stimuler l’investissement et relancer le crédit. Dans le même temps, l’inflation a reculé à 4,9 % en octobre, après un pic à 6,7 % en 2024, traduisant un léger apaisement des tensions sur les prix.

Les finances extérieures se redressent également : les transferts des Tunisiens résidant à l’étranger et la hausse des recettes touristiques ont permis de porter les réserves de change à l’équivalent de 107 jours d’importation. Ce répit, salué par la BCT, offre une marge de manœuvre à court terme mais ne dissipe pas les inquiétudes. « La reprise est réelle mais précaire, car elle repose sur des moteurs conjoncturels plutôt que sur une transformation structurelle », souligne un rapport du PNUD publié début novembre.

Car les fragilités de fond demeurent. Le chômage, qui touche 15,3 % de la population active, illustre un marché du travail déconnecté des secteurs porteurs. Selon les estimations du ministère du Développement, il faudrait une croissance soutenue d’au moins 4,5 % par an pour absorber les nouveaux entrants sur le marché. De plus, les disparités régionales se creusent : la relance reste concentrée sur les zones côtières tandis que l’intérieur du pays demeure marginalisé, accentuant les fractures sociales et territoriales.

Pour Abdallah Dardari, directeur régional du PNUD pour les pays arabes, la Tunisie doit « engager un choc de modernisation » pour sortir du cycle de stagnation. Cela suppose, selon lui, la digitalisation de l’administration, la simplification des procédures, la montée en compétences des jeunes et une meilleure intégration des technologies dans le tissu productif. Ces leviers conditionnent la soutenabilité d’un redressement encore trop dépendant des aléas conjoncturels et de la stabilité politique.

SOURCE : APA News/MK/ak/ac/Tunis (Tunisie)

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