Tunisie : crise agricole et bureaucratie pesante

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Le secteur agricole, représentant près de 10 % du PIB tunisien, subit de plein fouet la crise économique, la sécheresse et la désorganisation des circuits de distribution, sans qu’un plan de relance global n’ait encore vu le jour.

Le président tunisien, Kais Saïed, a de nouveau mêlé critique administrative et rhétorique politique lors d’une rencontre tenue jeudi au palais de Carthage avec le ministre de l’Intérieur, Khaled Nouri, et la ministre des Finances, Michket Slama Khaldi. Tout en appelant à lever les obstacles bureaucratiques pesant sur les agriculteurs, le chef de l’État a réitéré son discours de dénonciation des « lobbies » et des « voix mercenaires » accusés de saboter la confiance entre l’administration et les citoyens.

Selon un communiqué de la présidence, Kais Saïed a jugé que de nombreuses procédures appliquées aux producteurs agricoles reposaient sur des circulaires « dépourvues de base légale », freinant particulièrement les petits exploitants. Il a évoqué l’exigence de documents vieux de dix ans ou le paiement de taxes non fondées juridiquement, tout en enjoignant le gouvernement à « agir immédiatement » pour corriger ces dérives. Mais au-delà de la question agricole, le président a une fois de plus transformé l’échange en tribune contre ceux qu’il qualifie de « poches de la contre-révolution ».

Cette nouvelle intervention s’inscrit dans une série de déclarations au ton de plus en plus véhément, où le chef de l’État tunisien amalgame réformes économiques, moralisation de la vie publique et défense d’une révolution dont il se présente comme le garant exclusif.

Derrière l’appel à la simplification administrative, observateurs et acteurs agricoles y voient surtout une communication politique visant à réaffirmer son autorité, dans un contexte de tensions économiques persistantes et de désaffection croissante dans les campagnes.

Les syndicats agricoles, qui dénoncent depuis plusieurs mois la hausse des coûts de production et le manque de soutien structurel, appellent à des mesures concrètes plutôt qu’à des déclarations symboliques. Selon eux, l’accès au crédit, la modernisation des infrastructures rurales et la transparence des circuits de commercialisation restent les véritables urgences pour un secteur en crise.

En réaffirmant que « la Tunisie demeure un État de droit » tout en dénonçant des « voix mercenaires » et une « guerre de libération sur tous les fronts », Kais Saïed poursuit une rhétorique populiste centrée sur la lutte contre des ennemis internes non identifiés. Si le discours met en avant la protection des agriculteurs contre les spéculateurs, il illustre aussi l’isolement croissant du pouvoir, qui peine à transformer les promesses de réforme en politiques publiques tangibles.

Le secteur agricole, représentant près de 10 % du PIB tunisien, subit de plein fouet la crise économique, la sécheresse et la désorganisation des circuits de distribution, sans qu’un plan de relance global n’ait encore vu le jour.

Depuis 2021, la présidence de Kais Saïed s’est caractérisée par une concentration du pouvoir exécutif et un recul des contre-pouvoirs institutionnels.

SOURCE : APA News/MK/ac/Tunis (Tunisie)

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