Algérie : tensions autour du foncier agricole et des drogues

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Le Premier ministre Sifi Ghrieb a présidé mercredi une réunion du gouvernement centrée sur trois dossiers jugés sensibles : la prévention des stupéfiants, la régulation de l’investissement privé en santé et l’assainissement du foncier agricole. Trois secteurs où les failles structurelles persistent, malgré des annonces répétées de réformes profondes.

Les services du Premier ministre ont précisé, dans un communiqué, que deux projets de décrets exécutifs relatifs à la prévention et au dépistage des stupéfiants ont été examinés en seconde lecture, dans le cadre de la stratégie nationale 2025-2029. Ces textes doivent fixer les conditions de dépistage dans les établissements scolaires et de formation, ainsi que lors du recrutement dans les secteurs public et privé. Le président Abdelmadjid Tebboune avait, rappelle le communiqué, « insisté sur le nécessaire durcissement des sanctions à l’encontre des trafiquants », alors que le phénomène touche de plus en plus le milieu scolaire.

Si le gouvernement parle de « consolidation de la protection de la jeunesse », le dispositif demeure largement législatif, sans précision sur les moyens opérationnels. Les réseaux de trafic se sont, ces dernières années, étendus des zones frontalières aux grandes villes, tandis que les autorités peinent à démanteler durablement les circuits d’approvisionnement. Plusieurs observateurs estiment que la répression ne saurait suffire sans politiques sociales et éducatives ciblées.

Le second point de la réunion a porté sur « la réorganisation de l’investissement privé dans le domaine de la santé ». Le communiqué officiel met en avant « le potentiel croissant » du secteur, appelant à un encadrement législatif « incitatif » et à une complémentarité avec le public. Mais cette dynamique soulève un paradoxe : alors que la médecine privée se développe à un rythme soutenu, le système public reste sous-équipé, marqué par la fuite des compétences et le déficit d’infrastructures. La croissance du privé, concentrée dans les grandes villes, creuse davantage les inégalités d’accès aux soins dans les régions intérieures.

Enfin, le gouvernement a examiné « l’état d’avancement de l’assainissement du foncier agricole relevant du domaine privé de l’État ». L’objectif affiché est la régularisation et la facilitation de l’exploitation des terres. Cependant, ce chantier, maintes fois annoncé, se heurte à la complexité des procédures et à la corruption endémique. Le manque de transparence dans les attributions, dénoncé par la Cour des comptes, entrave la mise en valeur d’un potentiel agricole considérable dans un pays encore dépendant des importations alimentaires.

Cette triple séquence – stupéfiants, santé, foncier – illustre les priorités d’un exécutif confronté à des urgences sociales et économiques. Mais l’absence de mécanismes d’évaluation, conjuguée à la lenteur administrative, limite la portée des réformes. Le gouvernement Ghrieb semble ainsi peiner à passer de la rhétorique de la réforme à son application concrète sur le terrain.

SOURCE : APA News/MK/ac/-Alger (Algérie)

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