La piste des programmes d’éducation accélérée

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Alors que l’aide humanitaire est sous pression, des millions d’enfants africains non scolarisés pourraient bénéficier d’une méthode éprouvée d’apprentissage.

 

Un rapport d’Education.org, relayé le mois dernier par l’Unicef, avertit que des millions d’enfants non scolarisés, en Afrique, sont confrontés au même piège : reprendre leurs études grâce à des programmes non formels, pour être à nouveau exclus de l’école.

Harun Yussuf, qui dirige la Commission nationale kenyane pour l’éducation nomade, reconnaît : « La réalité est que les progrès en matière d’accès ont été inégaux. Et à moins d’agir collectivement, l’ambition d’une éducation pour tous restera un rêve. »

Sans parcours reconnus et sans soutien à la transition, les jeunes plus âgés risquent d’abandonner leurs études, tandis que les filles, les jeunes mères et les enfants handicapés sont particulièrement vulnérables.

La moitié des 272 millions d’enfants et de jeunes non scolarisés dans le monde vivent en Afrique subsaharienne, une proportion qui ne cesse d’augmenter, relève l’Unesco. L’organisation onusienne considère que ce chiffre pourrait bien être sous-estimé en raison des situations d’urgence et des crises récentes au Burkina Faso, en RD Congo, en Éthiopie, au Mali, au Niger, en Somalie, au Soudan du Sud et au Soudan.

Ce que nous ne parvenons pas à faire, c’est combler le fossé de transition. Sans cela, des millions d’enfants qui recommencent enfin à apprendre n’auront pas la chance de réaliser leur plein potentiel, insiste Education.org.

Cette organisation souligne l’intérêt des programmes d’éducation accélérée, qui constituent à son sens l’un des moyens les plus rapides d’accéder à l’éducation pour les enfants et les jeunes. Certes, l’analyse de près de 400 études, dont 67 % couvrent l’Afrique subsaharienne, réalisée par l’organisation montre que, à l’échelle mondiale, seule la moitié des élèves réussissent leur transition de ces programmes vers l’école, et dans les contextes de crise, ce chiffre tombe à quatre sur dix.

Pour autant, moins de la moitié des 38 stratégies éducatives nationales et infranationales examinées en Afrique mentionnent ce type de programme, tandis que seules cinq d’entre elles incluent des stratégies pour soutenir les élèves après leur sortie de ces programmes.

 

Négocier le retour vers l’école

« C’est un chaînon manquant dans la lutte pour l’éducation universelle », commente Randa Grob-Zakhary, dirigeante d’Education.org. « Sans stratégies délibérées et rentables pour aider les enfants à faire la transition vers l’école et à y rester, nous condamnons des millions d’entre eux à passer entre les mailles du filet une seconde fois. »

Un atelier de travail sur les programmes d’éducation accélérée au Burkina Faso, en avril 2025.
Un atelier de travail sur les programmes d’éducation accélérée au Burkina Faso, en avril 2025.

Le défi est aggravé par la diminution de l’aide. Le financement international de l’éducation devrait baisser de plus d’un quart d’ici 2027. Or, près de six programmes d’éducation accélérée sur dix sont menacés par ces coupes budgétaires.

La moitié des quelque quatre millions d’élèves inscrits à ces programmes dans le monde – une estimation basse compte tenu du faible suivi –, risquent de perdre leur accès à l’éducation, tandis que des millions d’autres pourraient ne jamais avoir la chance de s’inscrire.

Sarah Bugoosi Kibooli, commissaire ougandaise chargée des besoins spéciaux et de l’éducation inclusive, considère que ces recommandations peuvent contribuer à soutenir l’impact et la durabilité de ces programmes qui ont fait leurs preuves. « Les programmes d’éducation accélérée ne peuvent pas tenir leurs promesses sans un soutien délibéré à la transition vers l’école, l’acquisition de compétences ou les opportunités d’emploi. »

 

La Centrafrique développe ses programmes d'éducation accélérée.
La Centrafrique développe ses programmes d’éducation accélérée.

 

Le nouveau cadre STEP (Supporting Transitions Through Evidence-Based Planning, ou Soutenir les transitions grâce à une planification fondée sur des données probantes) définit cinq éléments essentiels : aligner les programmes accélérés sur les programmes scolaires et les compétences de vie ; garantir que l’achèvement du programme ouvre les portes de l’école ; relier les programmes d’éducation accélérée aux écoles voisines ; fournir un soutien lors de l’inscription et au-delà ; et rendre les écoles suffisamment flexibles et inclusives pour soutenir les élèves.

Selon Education.org, ces cinq étapes doivent reposer sur une collaboration entre les écoles, les communautés et les prestataires non formels. Les données montrent que lorsque les programmes d’éducation accélérée et les écoles sont reliés par des structures de gouvernance communes, les enfants ont deux fois plus de chances de réussir.

Les implications vont au-delà de ces programmes. Les écoles communautaires, les centres pour réfugiés, les cours de rattrapage et les projets pilotes numériques sont confrontés au même risque : sans parcours reconnus et sans soutien à la transition, les jeunes plus âgés risquent d’abandonner leurs études, tandis que les filles, les jeunes mères et les enfants handicapés sont particulièrement vulnérables.

« L’éducation accélérée prouve que nous savons déjà comment enseigner rapidement et efficacement la lecture, l’écriture et le calcul », insiste Kilemi Mwiria, représentant d’Education.org pour l’Afrique. « Ce que nous ne parvenons pas à faire, c’est combler le fossé de transition — et sans cela, des millions d’enfants qui recommencent enfin à apprendre n’auront pas la chance d’atteindre leur plein potentiel. »

SOURCE : PRESSE AFRIQUE

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