Les participants à la 6ᵉ édition du Forum africain sur la résilience ont appelé à replacer les agriculteurs au cœur des politiques publiques, en les faisant passer du statut de bénéficiaires d’aide à celui de véritables acteurs du développement.
Les experts agricoles présents à la 6ᵉ édition du Forum africain sur la résilience, tenue à Abidjan du 1ᵉʳ au 3 octobre, ont exhorté les gouvernements africains à valoriser davantage les agriculteurs, en les faisant passer du statut de bénéficiaires de l’aide alimentaire à celui de fournisseurs.
« L’agriculture est une activité dominante dans les zones de crise. On nous dit que sans paix, pas de développement. Mais sans nourriture, pas de paix. Il est temps d’impliquer les agriculteurs dans les discussions sur l’agriculture. Bien souvent, les politiques sont élaborées sans eux. Nous devons les contacter et discuter des solutions qui les concernent », a déclaré Roland Fomundam, PDG de Greenhouse Ventures, une entreprise camerounaise spécialisée dans la production sous serre.
Beth Bechdol, directrice générale adjointe de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a abondé dans le même sens : « Les agriculteurs sont le secteur privé. Ils investissent ; ils trouvent des solutions. Nous devons faire mieux ensemble. Si nous voulons avoir un meilleur impact sur nos populations, nous avons besoin de nouvelles matrices. Par exemple, savoir dans quelle mesure nous avons amélioré les revenus des producteurs au fil du temps. »
Tous deux s’exprimaient lors d’une table ronde intitulée « Obtenir un impact résilient et transformateur pour la sécurité alimentaire à grande échelle en Afrique », le deuxième jour du Forum.
Étaient également présents Abdilhakim Yusuf Ali Ainte, directeur du Département de la sécurité alimentaire et du climat au Cabinet du Premier ministre somalien ; Martin Fregene, directeur du Département de l’agriculture et de l’agroalimentaire du Groupe de la Banque africaine de développement ; Rania Dagash-Kamara, directrice exécutive adjointe du Programme alimentaire mondial ; et Felista Nyakio, agripreneur kenyane.
S’appuyant sur l’expérience somalienne, M. Ainte a souligné que la Somalie s’était appuyée sur son secteur privé, mobilisant 6 milliards de dollars pour renforcer son capital humain et sauver des vies. « La ressource la plus importante est le secteur privé. Nous avons besoin d’un secteur privé dynamique, invité à la table des négociations, pour proposer des solutions durables », a-t-il indiqué.
Pour sa part, Martin Fregene a rappelé que la reconstruction des systèmes alimentaires africains ne nécessitait pas de « réinventer la roue ». « Nous devons avant tout nous appuyer sur le système de production existant. Les petites et moyennes entreprises produisent toute notre nourriture. Nous devons trouver comment les inciter à doubler leur production et assurer leur survie », a-t-il ajouté.
Il a précisé que le Groupe de la Banque mondiale associe les producteurs agricoles à la mise en œuvre de son programme agricole à travers des financements directs, un appui à l’innovation, le développement d’infrastructures résilientes au changement climatique et un meilleur accès aux intrants agricoles.
Felista Nyakio a, quant à elle, appelé à changer la perception du monde agricole : « L’agriculture est perçue comme un travail dégradant. Nous devons montrer aux agriculteurs qu’ils font partie intégrante de la nation et sensibiliser les enfants aux bienfaits de l’agriculture. Faisons en sorte qu’ils aiment ce secteur. »
Organisée par le Groupe de la Banque africaine de développement, la sixième édition du Forum africain sur la résilience s’est tenue sur le thème « Prévenir pour mieux agir : financer la paix dans un contexte de coopération au développement en transition ».
L’événement a réuni décideurs politiques et acteurs du développement autour de stratégies visant à renforcer la prévention et à stimuler les investissements en faveur de la paix sur le continent.
SOURCE : APA News/as/fss/ac/Abidjan (Côte d ‘ivoire)
