L’Afrique de l’Est déjoue la morosité commerciale par ses exportations – CEA

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Les exportations des pays d’Afrique de l’Est affichent une résilience remarquable face aux turbulences du commerce mondial, déjouant les prévisions de repli du commerce inter international.

L’Afrique de l’Est a tenu par ses exportations, face aux prévisions négatives du commerce mondial consécutives aux droits de douane américains généralisés et aux incertitudes géopolitiques persistantes, indique lundi la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA).

Les dernières données publiées par la CEA révèlent que plusieurs pays de la région non seulement ont résisté à la tempête, mais ont considérablement accru leurs exportations.

Des exportations en forte hausse vers les États-Unis

Selon la CEA, malgré l’instauration en avril 2025 de droits de douane étendus par Washington — dans le cadre du plan « Liberation Day » imposant jusqu’à 30 % de taxes sur les grands exportateurs asiatiques — les pays d’Afrique de l’Est ont enregistré une hausse inattendue de leurs exportations à destination du marché américain.

La République démocratique du Congo (RDC) arrive en tête, avec des ventes vers les États-Unis en progression de plus d’un milliard de dollars entre avril et juillet 2025, comparé à la même période en 2024. L’Éthiopie et le Kenya enregistrent également d’importantes hausses, respectivement de 95 % et 22 %.

Ces performances s’expliquent en grande partie par les effets de détournement des échanges et par une forte demande américaine pour les produits est-africains. Si la région a elle aussi été visée par des tarifs douaniers, ceux-ci sont restés nettement inférieurs à ceux imposés à d’autres grands exportateurs. Ainsi, les exportations chinoises vers les États-Unis ont subi des droits de 30 %, contre seulement 10 % pour l’Éthiopie et le Kenya. Parallèlement, les exportations chinoises vers le marché américain ont reculé de 35,6 % entre juillet 2024 et juillet 2025.

Le commerce intra-africain gagne du terrain

Le commerce régional connaît également un essor notable. En 2024, les échanges au sein de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) ont franchi pour la première fois le cap des 11 milliards de dollars, soit une progression de 22 % par rapport à 2023. Le commerce intra-africain a pour sa part crû de 8,5 %, bien au-delà de la croissance de 0,4 % enregistrée avec les marchés extérieurs.

Les produits agricoles et les biens manufacturés — notamment les textiles, produits chimiques, ciment et produits pharmaceutiques — tirent cette dynamique, illustrant le potentiel des chaînes de valeur régionales et de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).

La flambée des matières premières dope les exportations

La performance des exportations régionales a été soutenue par la hausse des prix mondiaux des principales matières premières. Le cours de l’or a grimpé de plus de 60 % entre janvier 2024 et juillet 2025, tandis que celui du café a quasiment doublé.

La Tanzanie et l’Ouganda, deux grands producteurs d’or, ont pleinement tiré parti de cette tendance. L’Ouganda a également bénéficié de la vigueur de ses exportations de café, de thé, de poisson et de fleurs. Les exportations de thé du Kenya ont atteint un niveau record de 1,7 milliard de dollars en 2024, contre 1,4 milliard un an plus tôt.

Des fragilités structurelles persistantes

Malgré ces résultats encourageants, la région demeure confrontée à des vulnérabilités structurelles importantes. Les exportations minières dominent désormais le paysage commercial, représentant 53 % des ventes totales de l’Afrique de l’Est. À l’inverse, la part de l’industrie manufacturière dans les exportations ne cesse de reculer, pour tomber à seulement 17,5 % en 2024.

Des politiques volontaristes et des investissements ciblés

Face à ces défis, les gouvernements est-africains multiplient les initiatives stratégiques pour stimuler le commerce. En septembre, le Kenya a lancé la phase II de la zone économique spéciale de Dongo Kundu, tandis que la Tanzanie a achevé l’extension du port de Tanga et mis en place de nouveaux corridors d’exportation agricole.

L’Ouganda a signé le même mois un accord bilatéral avec le Kenya pour lever les barrières non tarifaires. Le Rwanda développe de son côté le port de Rusizi afin d’améliorer la logistique régionale, tandis que l’Éthiopie modernise le poste frontalier à guichet unique de Moyale et étend ses parcs industriels.

Vers l’après-AGOA

Alors que l’avenir de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA) demeure incertain, l’Afrique de l’Est doit se préparer à un scénario post-AGOA en diversifiant ses marchés d’exportation et en renforçant le commerce intra-africain.

Les performances récentes de la région illustrent une capacité de résilience, mais sa compétitivité à long terme dépendra d’une moindre dépendance aux matières premières, d’une relance du secteur manufacturier et d’une intégration régionale plus profonde.

Le Bureau sous-régional de la CEA pour l’Afrique de l’Est couvre 14 pays : le Burundi, les Comores, la République démocratique du Congo, Djibouti, l’Érythrée, l’Éthiopie, le Kenya, Madagascar, le Rwanda, les Seychelles, la Somalie, le Soudan du Sud, la Tanzanie et l’Ouganda.

SOURCE:APANews/PA – Nairobi (kenya) – Envoyé Spécial – Omar Dembelé

 

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