Algérie : le nouveau gouvernement en « ordre de bataille »

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La première réunion du gouvernement présidée par Sifi Ghrieb a été consacrée à la loi de finances 2026 et à la mise en œuvre de la stratégie prônée par le président Tebboune. Derrière l’affichage d’efficacité et les déplacements sur le terrain, les observateurs dénoncent une communication plus qu’une véritable réforme.

Le nouveau Premier ministre algérien, Sifi Ghrieb, a tenu, jeudi 25 septembre, sa première réunion avec l’ensemble de son gouvernement. Selon un communiqué officiel, cette rencontre visait à définir « l’approche pratique » de mise en œuvre des directives données par le président Abdelmadjid Tebboune lors du Conseil des ministres du 21 septembre. L’exécutif affirme avoir passé en revue l’avant-projet de la loi de finances 2026, présenté comme l’outil majeur pour encourager l’investissement, diversifier les exportations et répondre aux besoins sociaux.

Cette séquence s’inscrit dans la volonté du chef de l’État d’imposer un style « de terrain » à ses ministres. Tebboune avait lui-même souligné, lors d’une entrevue avec la presse nationale, avoir choisi Sifi Ghrieb pour son profil « opérationnel » et sa capacité supposée à accélérer l’action publique. Les premiers jours du nouveau gouvernement ont ainsi été marqués par une série de déplacements médiatisés : inauguration d’une usine à Jijel, annonces de chantiers miniers et ferroviaires dans l’Est, inspection de projets énergétiques à Béchar et Tindouf, ou encore visites dans les zones désertiques par le ministre de la Santé.

Mais derrière ces mises en scène, la réalité reste moins reluisante. L’économie algérienne demeure largement dépendante des hydrocarbures, et les promesses de diversification tardent à se concrétiser. Les perspectives budgétaires sont contraintes par la volatilité des cours du pétrole et du gaz, tandis que la loi de finances 2026 reprend des recettes classiques : subventions coûteuses, mesures fiscales temporaires et appels réitérés à l’investissement étranger. Les grands projets industriels mis en avant – mines, infrastructures, énergie – apparaissent davantage comme des annonces politiques que comme des leviers immédiats de transformation.

En outre, la focalisation du gouvernement sur « l’efficacité » et la « synergie » entre ministères masque l’absence d’un véritable débat démocratique autour des choix économiques. La société civile et les partis politiques critiques n’ont pas voix au chapitre dans l’élaboration de la loi de finances, réduite à un exercice technocratique dicté par l’exécutif.

Si l’équipe Ghrieb veut incarner le renouveau, elle devra aller au-delà des tournées protocolaires et des slogans d’« émergence ». Sans réformes structurelles, une gouvernance plus transparente et une ouverture réelle à la société, le risque est grand que cette « rentrée en ordre de bataille » se limite à une opération de communication, sans effet tangible sur le quotidien des Algériens.

SOURCE:APANews/APA-Alger (Algérie)

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