Algérie : hausse de la production gazière mais pertes à l’export

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Malgré une hausse de 5 % de sa production en juin 2025, l’Algérie a perdu 230 millions de m³ de ventes de gaz à l’exportation, principalement en raison du recul du GNL. Ce paradoxe révèle les limites structurelles et stratégiques de la politique énergétique d’Alger.

La production de gaz naturel a atteint 8,20 milliards de m³ en juin, contre 7,81 milliards un an plus tôt, confirmant la capacité des gisements matures et des nouvelles zones d’exploration à soutenir l’activité. Mais cette progression ne s’est pas traduite dans les exportations, qui ont reculé à 3,95 milliards de m³, en baisse par rapport à mai et à juin 2024.

Si les flux par gazoduc vers l’Europe méridionale (Medgaz, TransMed) ont progressé pour atteindre 2,94 milliards de m³, les exportations de GNL se sont effondrées, limitées à 0,8 million de tonnes, contre plus d’un million l’année précédente. Entre janvier et juillet 2025, le recul est net : 5,6 millions de tonnes de GNL exportées contre 6,95 millions sur la même période en 2024.

Derrière ces chiffres, c’est l’incapacité chronique de Sonatrach à moderniser son appareil industriel qui apparaît au grand jour. Les pannes répétées des installations d’Arzew continuent de pénaliser la compétitivité algérienne sur le marché international, où les États-Unis et le Qatar dictent les prix et raflent les parts de marché.

À cela s’ajoute une contrainte intérieure lourde : près de 99 % de l’électricité algérienne est produite à partir du gaz, ce qui absorbe une part considérable des volumes disponibles. En juin, la consommation domestique est restée stable à 1,6 milliard de m³, réduisant d’autant les marges pour l’exportation.

Le discours officiel tente de minimiser ces reculs en parlant d’« ajustement conjoncturel », mais la réalité est plus inquiétante. Faute de diversification énergétique et de réforme structurelle, l’Algérie reste enfermée dans une dépendance au gaz, qu’elle doit à la fois utiliser pour couvrir ses besoins croissants et exporter pour maintenir ses revenus budgétaires.

Sonatrach promet de rénover ses installations, de développer le stockage et de réduire le torchage. Mais ces annonces, répétées depuis des années, peinent à se traduire en résultats concrets. Tant que la politique énergétique se limitera à gérer l’existant sans stratégie de long terme, l’Algérie restera vulnérable aux aléas techniques et aux pressions du marché mondial.

La hausse de la production masque donc une fragilité de fond : un modèle énergétique déséquilibré, incapable d’assurer à la fois la sécurité intérieure et la compétitivité internationale.

SOURCE: APANews/APA-Alger (Algérie)

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