La fin de la guerre en Ukraine n’est pas pour demain

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Près de 48 heures après la rencontre entre Donald Trump, Volodymyr Zelensky et des dirigeants européens, la presse continue de décortiquer les résultats des discussions, de scruter à la loupe la moindre déclaration et de gloser sur d’hypothétiques sorties de crise.

LE soir, à Bruxelles, résume le sentiment dominant : « À Washington, on a évité le pire, mais pas éliminé le pire. Loin de là ! (…) En se rendant en délégation à la Maison Blanche, les Européens et l’Otan ont fait office de bouclier pour le président ukrainien, en présentant un front occidental uni au président américain. Macron, Merz, von der Leyen, Rutte et les autres sont en effet rentrés pour la première fois dans les fondements de la discussion sur les conditions d’un accord de paix : à Washington, il a été question au premier plan des garanties de sécurité pour l’Ukraine et pour l’Europe, et d’une possible ­rencontre entre Poutine et Zelensky. »

Toutefois, tout peut basculer, pointe encore Le Soir : « « on est très loin de crier victoire », a reconnu Emmanuel Macron lui-même à la sortie de cette ­séquence décidément inédite. Le président français est même très en dessous de la vérité : il n’y a plus de cessez-le-feu sur la table, les garanties données par Trump sur la sécurisation par les Américains de l’Ukraine et de l’Europe sont très vagues et l‘ »échange » de territoires reste une exigence de base de ­Poutine. »

Un apaisement, mais pas la paix

En fait, soupire Le Temps à Genève, « les Européens ont ramené de la politesse de Washington, mais pas beaucoup plus. De l’apaisement plutôt qu’un plan de paix à proprement parler. La présence des Européens à Washington aura peut-être au moins permis de pousser Donald Trump à rester poli. Sinon, il faut bien avouer que les lignes ont peu changé. »

« Une rencontre indispensable, mais peu fructueuse », renchérit Le Monde à Paris. « Après le fiasco de l’Alaska, le pire a été évité : le front transatlantique, que le président Poutine rêve de voir s’effondrer, est préservé, au moins dans les apparences. Mais un énorme travail reste à faire pour transformer la « convergence » évoquée par Emmanuel Macron en une action conjointe pour sauver l’Ukraine. »

Trump maître du jeu

Ce qui est sûr, c’est que Trump a les cartes en main. C’est ce qu’affirme Le Figaro : « Les visiteurs de la Maison-Blanche ont échoué à rétablir l’exigence initiale d’un cessez-le-feu. Et Zelensky ne s’est pas appesanti sur les questions territoriales, de crainte de braquer son hôte par un refus catégorique. C’est la preuve que toutes les voies en Ukraine passent par Trump. De toute évidence, les alliés estiment que l’alternative, où le président américain se détournerait du dossier, serait pire que les contorsions et les flatteries qu’impose son maintien dans le jeu. Inversement, Poutine mise sur la complexité de l’affaire pour garantir la lassitude du pacificateur de Washington. Qui va remporter son pari ? Les Européens, sans illusions sur le Russe et sans grands espoirs envers l’Américain, ont une bonne motivation pour monter en puissance, en rêvant du jour où ils pourront tenir tête à l’un et se passer de l’autre. »

Poutine, maître de guerre

« Quelle est la prochaine étape des pourparlers de paix en Ukraine ? », s’interroge pour sa part le New York Times. Côté américain, on affirme que Poutine est prêt à rencontrer Zelensky, mais côté russe, rien n’est confirmé. Et le quotidien américain de souligner que « le président russe a la réputation de gérer les crises au ralenti, en espérant que les circonstances lui soient plus favorables ». Et Poutine pourrait ainsi encore gagner du temps.

Enfin, le Washington Post ne se fait aucune illusion : « Qu’est-ce qui a été réalisé après toutes ces réunions ? Pas grand-chose. Même si Zelensky et Poutine se rencontrent, il n’y a aucune raison de s’attendre à une avancée. (…) Si vous voulez juger des intentions de Poutine, ignorez ses paroles trompeuses et regardez ses actions brutales, s’exclame le Post. Quelques heures avant l’arrivée de Zelensky à la Maison Blanche, des attaques russes ont tué 14 civils en Ukraine. Et quelques heures après, les Russes ont lancé leur plus grande attaque de missiles et de drones de ces quatre dernières semaines. En écartant, du moins pour l’instant, la menace de sanctions américaines plus importantes, l’offensive diplomatique de Poutine ne fait que donner un répit à ses troupes pour qu’elles poursuivent leur guerre d’agression. Ainsi, les derniers pourparlers de paix, loin de mettre fin à la tuerie, n’ont fait que la perpétuer. »

Source: RFI

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