Les pourparlers à Washington pourraient s’avérer plus importants pour l’avenir de l’Ukraine que le sommet Trump-Poutine.
Il est tout à fait possible que la réunion de ce lundi à la Maison Blanche s’avère encore plus cruciale pour l’avenir de l’Ukraine – et pour la sécurité de toute l’Europe – que le sommet américano-russe de vendredi dernier en Alaska.
À première vue, cette rencontre entre Poutine et Trump semblait répondre à toutes les attentes.
Il n’y a eu ni cessez-le-feu, ni sanctions, ni grandes annonces.
L’Ukraine et l’Europe étaient-elles sur le point d’être exclues d’un accord conclu à huis clos par les deux plus grandes puissances nucléaires mondiales ?
Apparemment non, si l’Ukraine et ses partenaires parviennent à l’empêcher.
La présence de Sir Keir Starmer, du président Macron, du chancelier Merz et d’autres dirigeants aux côtés du président Zelensky à Washington ne vise pas seulement à éviter qu’il ne soit à nouveau pris au dépourvu dans le Bureau ovale, comme cela s’est produit le 28 février.
Ils sont déterminés à faire comprendre deux choses à Donald Trump : premièrement, qu’il ne peut y avoir d’accord de paix pour l’Ukraine sans la participation directe de l’Ukraine et, deuxièmement, que cet accord doit être soutenu par des garanties de sécurité « à toute épreuve ».
Avant tout, les dirigeants européens veulent que le président américain comprenne que l’Ukraine et l’Europe présentent un front uni et ils tiennent à s’assurer qu’il ne se laisse pas influencer par ses relations personnelles évidentes avec Vladimir Poutine pour céder aux exigences des dirigeants russes.
C’est là que les talents diplomatiques de Sir Keir Starmer seront mis à rude épreuve.
Trump apprécie Starmer et l’écoute, et dans un mois, Trump se rendra au Royaume-Uni pour une visite d’État.
Il apprécie également Mark Rutte, le secrétaire général de l’OTAN qui sera présent, un homme parfois surnommé « le chuchoteur de Trump ».
Le président américain semble moins apprécier le président Macron, et la Maison Blanche a récemment critiqué vivement son intention de reconnaître sans condition un État palestinien lors de la prochaine Assemblée générale des Nations unies.
Pour qu’un accord de paix en Ukraine ait une chance de fonctionner, il faut faire des concessions.
Les dirigeants européens ont souvent déclaré que les frontières internationales ne peuvent être modifiées par la force, et le président Zelensky a répété à maintes reprises qu’il ne céderait pas de territoire, d’autant plus que la constitution ukrainienne l’interdit.
Mais Poutine veut le Donbass, dont ses forces contrôlent déjà environ 85 %, et il n’a absolument pas l’intention de rendre la Crimée.
Pourtant, comme me l’a dit un jour l’ancienne Première ministre estonienne et actuelle chef de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, la victoire de l’Ukraine dans cette guerre ne doit pas nécessairement se limiter à la reconquête des territoires occupés.
Si l’Ukraine parvient à obtenir le type de garanties de sécurité prévues à l’article 5 dont on parle actuellement, suffisantes pour dissuader toute future agression russe et préserver ainsi son indépendance en tant qu’État libre et souverain, cela constituerait une forme de victoire.
Il semble désormais que les États-Unis et la Russie discutent d’une proposition qui consiste globalement à échanger une partie du territoire ukrainien contre des garanties de sécurité lui permettant de ne plus avoir à céder de terres à la Russie.
Mais les interrogations sont nombreuses.
L’Ukraine pourrait-elle accepter un accord qui mettrait fin à la guerre mais lui coûterait des territoires, surtout alors que des milliers de personnes sont mortes en essayant de sauver ces territoires ?
Si on lui demande de céder les 30 % restants de l’oblast de Donetsk que la Russie n’a pas encore occupés, cela ne laisserait-il pas la voie vers l’ouest, en direction de Kiev, dangereusement peu défendue ?
Et qu’en est-il de la fameuse « coalition des volontaires » tant vantée par Starmer ?
Les discussions antérieures concernant le déploiement de dizaines de milliers de soldats sur le terrain ont depuis été revues à la baisse.
Il s’agit désormais davantage de « protéger les cieux et les mers » tout en aidant l’Ukraine à reconstruire son armée.
Mais même si la paix revient sur le champ de bataille, nous restons dans une zone dangereuse.
Tous les experts militaires à qui j’ai parlé pensent qu’à la fin des combats, Poutine reconstituera son armée, fabriquera davantage d’armes, jusqu’à ce qu’il soit en mesure, peut-être dans trois ou quatre ans seulement, de s’emparer de nouveaux territoires.
Si cela se produit, il faudra un pilote de Typhoon ou de F35 courageux pour tirer le premier missile sur une colonne russe en progression.
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Source:news.abidjan.net